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De l'école de Barbizon au maquis de la résistance

Samedi 28 janvier 2012

Aujourd’hui un lecteur soumet à l’expertise d’Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, deux œuvres qui, à première vues ont une simple paire d’huiles…

Aujourd’hui un lecteur soumet à l’expertise d’Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, deux œuvres qui, à première vues ont une simple paire d’huiles…

Au XIXème siècle, en pleine Révolution Industrielle, la ville devient de plus en plus bruyante, agitée, polluée. Entre 1825 et 1875 une foule de peintres fuie la ville et son industrialisation croissante. Suivons-la.Ces artistes ont pour but un petit village à l’orée de la forêt d’Île de France : Barbizon. Ce refuge va bientôt devenir le centre d’une nouvelle école de peinture travaillant « d’après nature ». L’École de Barbizon fut un mouvement esthétique riche et complet dont l’Impressionnisme retiendra certains éléments comme l’abandon du sujet narratif ou la pratique du plein air.

Mais en observant ces toiles, notre mémoire nous entraîne vers un autre refuge... Quittons la forêt de Fontainebleau pour celles de Saint-Sauvant, Lautignac, Tronçais, Fréteval et tant d’autres encore. Quittons Barbizon pour le maquis. Peintres de Barbizon et résistants cherchaient un abri. Les uns pour fuir, les autres pour affronter. Les premiers ont fui avec leurs couleurs l’art ampoulé. Les seconds ont fait face avec leur sang au bruit des bottes allemandes, à l’oppression de l’envahisseur, aux cris sourds du pays qu’on enchaîne. De Barbizon au Maquis, la lutte se joue dans les landes, les montagnes et les forêts. Écoutons Jean-François Millet, peintre de l’école de Barbizon : «Quand vous peignez un tableau (…) songez toujours à la présence de l'homme ; (…) alors une voix intime vous parlera de sa famille, de ses occupations, de ses inquiétudes, de ses prédilections ; l'idée entraînera dans cette orbite l'humanité tout entière ; en créant un paysage, vous penserez à l'homme; en créant un homme, vous penserez au paysage. »

En ce samedi 28 janvier, à travers ces toiles, nous pensons à Pierre Sudreau, ce Résistant de la première heure, à la vie exemplaire, qui n’a pas hésité à offrir son existence pour servir l’honneur de la France. Depuis des monts, des landes et des bois comparables ceux de ces toiles, il a lutté pendant la seconde guerre mondiale pour la liberté, contre la barbarie nazie.

Cette paire d’huiles, réalisées dans la première moitié du XXème est l’œuvre d’un suiveur de l’école de Barbizon. Un peu tardive et de la main d’un petit maître, sans signature prestigieuse, elle se négociera à partir de 50 €. L’histoire à laquelle elle nous renvoie, elle, n’a pas de prix.
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