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André Arbus et Gilbert Poillerat, décorateurs des années 40

Mercredi 17 janvier 2018
Gilbert Poillerat et André Arbus

André Arbus (1902-1969) et Gilbert Poillerat (1902-1988) représentent la « haute couture » de la décoration française des années 1940. Tout au long de leur carrière l’un comme l’autre témoignent d’une attention particulière à l’héritage artistique français des XVIIe et XVIIIe siècles en général, du style Louis XVI et Directoire en particulier, qu’ils n’ont de cesse de réinterpréter à l’aune du modernisme.

Formé à l’École des Beaux-Arts de Toulouse en parallèle de son apprentissage dans l’atelier d’ébénisterie paternel, André Arbus prend la tête de l’entreprise et en devient le directeur artistique. Aussi dès 1925, pour promouvoir le savoir-faire de son établissement, Arbus expose régulièrement à Paris : que ce soit aux Salons des Artistes décorateurs, au Salon d’Automne ou à l’Exposition des Arts décoratifs où il remporte les faveurs de la critique. Il s’installe définitivement à Paris en 1932 et devient le « chef de file du retour à la tradition et à la qualité française » . S’il s’inspire manifestement des styles du mobilier classique et néo-classique, Arbus utilise les techniques anciennes pour les réinterpréter dans sa production contemporaine. La belle enfilade (n° 304) que nous présentons témoigne parfaitement de son œuvre en utilisant à la fois des matériaux nobles, tels que le sycomore, l’acajou et le bronze, qu’en réinventant l’esthétique Transition Louis XV Louis XVI. Pour cela, Arbus collabore avec les plus talentueux artistes dont Vadim Androusov (1895-1975) qui réalise les importantes entrées de serrure en bronze de cette enfilade comme avec les plus nobles maisons à l’instar d’Hermès, fournissant notamment le cuir de nos fauteuils à la Reine (n° 305).


Si le terreau familial prédispose Arbus à entreprendre une carrière artistique, tel n’est pas le cas de Gilbert Poillerat qui pourtant réussit à « capter une chose aussi légère que l’esprit d’une époque dans une matière aussi rigide que le fer et le bronze » . C’est à la prestigieuse École Boulle que Poillerat découvre le travail du métal, devenant très vite une véritable vocation. Après huit ans dans l’atelier d’Edgar Brandt (1880-1960), vient le temps des grandes commandes et notamment les portes monumentales de la piscine du paquebot France ou les luminaires du restaurant de la Tour Eiffel. Artiste reconnu, il livre l’ensemble des ferronneries de l’église Saint-Ferdinand des Ternes à Paris entre 1938 et 1942, période de création de la table basse que nous présentons (n° 303). Son piétement coquilles à godrons et bourgeons de fleurs de lotus en fer forgé doré coiffé d’un marbre noir veiné de blanc atteste du travail de Poillerat, qui est l’un des meilleurs, sinon le meilleur, ornemanistes des années 1940.

En définitive, les quelques exemples des productions de Gilbert Poillerat et d’André Arbus figurant dans la vente du 28 janvier 2018 à Vendôme et provenant de la même collection tourangelle sont de subtils témoignages des œuvres de ces décorateurs qui savent allier « un élément de beauté éternel et invariable [à] un élément circonstanciel et variable qui dépend de la mode et de l’époque» .

(1) FAVARDIN, Patrick, Les décorateurs des années 50, Paris, Norma, 2016, p. 6.
(2) Galerie Chastel-Maréchal, « André Arbus (1902-1969) » : http://www.chastel-marechal.com/andre-arbus. Consulté le 17 janvier 2018.
(3) LAGERFELD, Karl, « Préface », in BAUDOT, François, Gilbert Poillerat, maître ferronnier, Paris, Hazan, 1992.
(4) Galerie Chastel-Maréchal, op. cit.
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