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DANS L’ATELIER DU PÈRE NOËL AVEC UNE DANSEUSE ESPAGNOLE

Samedi 23 décembre 2017 à 07h

Danielle souhaiterait connaître la valeur d’une poupée automate ancienne, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.



Quoi de mieux qu’un jouet automate pour faire le bonheur des enfants à l’approche des fêtes ? La poupée automate de Danielle pourrait facilement piquer la curiosité des petits et des grands, grâce à son mécanisme qui lui permet de tourner sur elle-même et d’agiter son tambourin au son d’une mélodie. La petite musicienne se distingue par les couleurs éclatantes de ses atours : une robe de satin jaune agrémentée d’un gilet foncé et de nombreuses dentelles. Les couleurs du ruban du tambourin, mêlées à celles des passementeries du socle de l’objet donnent à notre poupée un air joyeux de carnaval ! C’est dans ce socle justement que se cache le mécanisme qui permet de l’animer.

Les automates sont connus depuis l’Antiquité, ainsi que le décrit Homère dans l’Iliade, selon lequel des automates féminins en or servent les offrandes au Dieu forgeron Héphaïstos. À la fin du Moyen-Âge, les horlogers fabriquent déjà des personnages animés pour agrémenter les horloges des grandes cathédrales. La mécanique se perfectionnant, on voit apparaître des machines prodigieuses telles un joueur de flûte traversière créé par Jacques de Vaucanson sous le règne du roi Louis XV. Ce dernier reste l’un des plus grands inventeurs d’automates du XVIIIe siècle, tentant même de reproduire mécaniquement les fonctions du corps humain.

Si la poupée de Danielle abrite, comme les inventions de Vaucanson, son mécanisme dans son piédestal, elle appartient à une génération plus récente d’automates. En effet, avec l’industrialisation, le XIXe siècle voit l’apparition de jouets automates qui sont produits de manière systématisée et deviennent plus accessibles. Certains d’entre eux sont présentés aux Expositions universelles et par conséquent relèvent davantage de la prouesse visuelle que du jeu d’enfant. Pour connaître la provenance de la poupée de Danielle, il faudrait s’intéresser au mécanisme interne qui la met en mouvement, et qui est propre à chaque fabricant. La clé permettant d’actionner le mécanisme diffère également d’une entreprise à l’autre. Les fabricants les plus célèbres vers 1880 sont Gustave Vichy, Roullet Decamps, et Léopold Lambert. Quand il est d’origine, le visage, souvent réalisé en biscuit de porcelaine, est également un bon moyen de dater le jouet.

Le costume de notre danseuse est celui d’une petite Espagnole, ou Gitane au tambourin référencé dans le catalogue de Léopold Lambert vers 1880 et produit à 100 ou 200 exemplaires. Mais il semble avoir été restauré et pourrait ne pas être d’origine. L’une des musiques originales accompagnant cette danseuse de moins de 50 cm était la marche de Barbe bleue… Sous réserve qu’elle soit bien ancienne et en bon état, cette charmante poupée danseuse, avec ses yeux bleus, ses lèvres rouges et son teint diaphane, pourrait rencontrer l’intérêt d’un collectionneur à partir de 1.000 € en ventes aux enchères. Le nom de Lambert ou de la maison Descamps qui a commercialisé aussi ces produits renforcera cette estimation. Peut-être l’envie vous viendra-t-elle alors de glisser sous le sapin l’un de ces jouets anciens toujours empreints de magie ? Si tel est le cas, après avoir ouvert votre cadeau : tournez la clé et dansez maintenant… pour le bonheur des petits et des grands !
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