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Un violon mythique, mais sans illusion

Samedi 07 janvier 2012

Cette semaine, Suzanne nous envoie une photo de son violon. Elle précise que ce dernier porte l’inscription « Antonius Stradivarius Cremonensis" "Faciebat Anno 1736 ». Philippe Rouillac, commissaire-priseur, retrace l’histoire du génie luthier du XVIIIème siècle.

Cette semaine, Suzanne nous envoie une photo de son violon. Elle précise que ce dernier porte l’inscription « Antonius Stradivarius Cremonensis" "Faciebat Anno 1736 ». Philippe Rouillac, commissaire-priseur, retrace l’histoire du génie luthier du XVIIIème siècle.

« Qui penserait que pour construire un violon, il faut d’abord tracer deux pentagones dans un cercle ? » Voici les paroles sobres par lesquelles le légendaire luthier Antonio Stradivari nous introduit à son art et qui rappelle à chacun d’entre nous que toute création, si complexe qu’elle puisse être, prend sa source dans une idée simple, lumineuse. Né en Italie, grande nation pour la musique, en 1644 et décédé en 1737, Stradivari consacre sa vie à la fabrication de violons et de guitares. Aucun autre instrument n’égale sa sonorité, s’accordent à dire les plus grands musiciens. De nos jours, Stradivarius symbolise métaphoriquement l’excellence. Quel est donc le secret du maître luthier ? « Un vernis spécial ? », avancent certains. Une explication plus scientifique est désormais admise. Les bois utilisés par Stradivari, épicéa, buis ou ébène, sont très denses car ils ont bénéficié des hivers longs et rigoureux de son époque, ce qui confère au violon une sonorité pure.

Il existe aujourd’hui moins de 700 Stradivarius dans le monde, la plupart appartenant à des musées. A chaque succès…ses successeurs ! Ces violons de légende sont largement copiés, notamment en Allemagne et en France, dans les ateliers de Mirecourt au XIXème siècle. Le violon est un instrument à cordes frottées. Son assemblage complexe comprend 71 pièces, de leurs dispositions et de l’essence du bois dépendent la qualité intrinsèque de l’objet. L’inscription que porte l’instrument de notre lectrice indique que le modèle original a été créé en 1736. Il s’agit cependant d’une copie à laquelle le luthier à joint la marque traditionnelle d’Antonio Stradivari, non pour tromper l’acheteur mais simplement en référence au modèle emprunté. On peut compter 10.000 copies pour un vrai Stradivarius. La forme de la caisse s’inspire de son travail.

En ventes publiques, ce type de violon vaut une centaine d’euros. En revanche, le dernier record enregistré pour un Stradivarius original a atteint, en 2011 à Londres, la somme vertigineuse de 11 millions d’euros ! Il porte le nom de son ancienne propriétaire « Lady Blunt », petite fille du poète Byron. Le prix du rêve et de la passion !
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