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Une nouvelle génération de commissaires-priseurs

Jeudi 02 novembre 2017

Les Échos, Martine Robert

L'exposition Automobiles de collection du 22 octobre dans la Cour de la Mairie du 11e arrondissement, en face de Drouot.
L'exposition Automobiles de collection du 22 octobre dans la Cour de la Mairie du 11e arrondissement, en face de Drouot.


En dix ans, le secteur a été bouleversé par la concurrence et par Internet. Les nouveaux as des ventes manient aussi bien la souris que le marteau.

Libéralisation, globalisation, digitalisation, judiciarisation ... Le métier de commissaire-priseur a, comme beaucoup d'autres, été très impacté ces dix dernières années , et une génération au profil différent accède au marteau. Damien Leclere, l'un des professionnels à l'ascension la plus fulgurante, le résume ainsi : « Nous sommes moins héritiers et plus entrepreneurs. » Celui qui a commencé il y a onze ans à Marseille puis a vite ouvert une antenne à Paris pour opérer à Drouot, et se trouve déjà dans le Top 15 des opérateurs français, incarne pleinement cette mutation. « On se sent libre de réinventer ce métier longtemps marqué par un certain conservatisme, on n'est plus formaté comme l'ancienne génération, on communique différemment sur les objets, sur notre marque », explique-t-il.

Site Internet et télévision

En témoigne le concept original lancé par FauveParis, dont les catalogues ressemblent à des magazines et la salle d'enchères à un lieu culturel avec son café-salon de thé. Ici, on s'adresse à « un public jeune » et on adjuge « dans une bonne ambiance », assure le site Internet. Fauve se targue aussi de faire des « ventes pas courantes » et n'hésite pas à investir de nouvelles niches comme l'art grec. Ce samedi, la maison de vente aux enchères propose « une vente hors-série hommage à Suzanne Lalique » avec des oeuvres des collections de la famille de l'artiste.

A Tours, Aymeric de Rouillac, passé maître dans l'art d'utiliser l'outil télévisuel (il a longtemps animé la chronique « Adjugé » dans la « Quotidienne » sur France 5), n'hésite pas à proposer des vidéos sur son site et à monter des « coups », comme cette vente d'art contemporain opérée au Centre de Création Contemporaine Olivier Debré, qui a suscité l'intérêt des médias. Celui qui anime avec son père Philippe les « ventes garden-party » au château de Cheverny - car il sait que les enchères doivent aussi être un spectacle - intervient aussi dans TV Tours et « La Nouvelle République ».

Agilité

« Ce qui nous caractérise, c'est l'agilité », souligne Damien Leclere qui, lui, n'a pas hésité à creuser son sillon dans le secteur de la voiture de collection, pourtant déjà bien occupé par Artcurial, Bonhams, RM Sotheby's, Osenat ou Aguttes. Et pour les exposer, il a investi la cour historique de la mairie du 9e arrondissement !

Avec une vision beaucoup plus internationale que leurs aînés, les jeunes commissaires-priseurs n'hésitent pas à s'inspirer des méthodes anglo-saxonnes. « Nous ne devons pas hésiter à diversifier nos services : conseil aux collectionneurs, aux artistes... Et innover dans la présentation des oeuvres, avec les changements digitaux, la 3D, la réalité augmentée, etc. » poursuit Damien Leclere. Lui-même couvre 15 à 20 spécialités différentes et ne réalise aucune vente généraliste, que des ventes thématiques pour plus de visibilité. Il a réduit au maximum les frais administratifs et logistiques. Chacun des 20 collaborateurs fait son secrétariat. Un fonctionnement de start-up et la croissance qui va avec : cette année, la maison Leclere espère réaliser 20 millions d'euros de produits vendus, contre 17 en 2016.

Martine Robert
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