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Pour un tacot éblouissant !

Samedi 04 novembre 2017 à 07h

Cette semaine, Nicole s’interroge sur « un objet qui devait servir pour une lampe ». Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, éclaire sa lanterne.



Voici un objet bien singulier dont l’utilité ne saute pas aux yeux… En laiton, il adopte une forme semi-ovoïdale. La partie supérieure est équipée d’un brûleur à mèche. Ce dernier porte d’ailleurs des instructions d’emploi, et la marque « Les Vestales / Breveté Déposé ». Nous sommes donc face à une lampe à pétrole d’une hauteur de 12 cm. Le fait est que sa forme ne lui permet pas de tenir debout… Pas très pratique me direz-vous. Il manque donc un élément, un socle par exemple. Un jeu de devinette qui pourrait durer des heures car la destination de cet objet relativement saugrenue : il s’agit d’un réservoir qui s’adapte… sur un phare d’automobile ! Il s’encastre tout simplement dans une « boîte » de forme ronde équipée d’un réflecteur et munie en façade d’une lucarne vitrée à charnière.

Ce système « Les Vestales » est commercialisé par la maison Besnard. Fondée en 1854, elle est, au début du XXe siècle, la plus ancienne manufacture d’appareils d’éclairage à pétrole. L’industrie automobile se développe considérablement à cette époque. De fait, on ressent vite le besoin, si ce n’est de voir la nuit, du moins d’être vu. Rappelons que les premières lanternes de fiacre fonctionnent à l’aide d’une bougie… De plus, le gouvernement français réglemente l’usage de ces avertisseurs lumineux pour la première fois en 1899. Le décret stipule : « Toute automobile sera munie à l'avant d'un feu blanc et d'un feu vert ». Cette loi fera le bonheur de la maison Besnard qui fait des phares pour automobiles une de ses spécialités. C’est d’ailleurs à elle que l’on doit la commercialisation des phares à acétylène, système aujourd’hui prisé des spéléologues. Dans les années 1930, les premières ampoules font leur apparition. C’est vraisemblablement à cette époque que la société Besnard disparait…

Ainsi, le phare de Nicole est très incomplet. Il nous donne cependant l’occasion d’admirer le soin apporté à l’esthétique des objets utilitaires de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Il faut dire qu’il participait à la fière allure générale des premières automobiles, véritables produits de luxe. Une paire de phares similaires, complets avec leur bloc réfléchissant, a été vendue aux enchères en 2014. Estimée 40 à 60 €, elle a péniblement dépassé l’estimation basse… Le réservoir de pétrole de notre lectrice, avec ses bosses, a peu de chance de dépasser une dizaine d’euros sur une brocante. Il constitue en revanche une belle promesse de rigolades lorsque vous tenterez de faire découvrir son utilité à vos amis !
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