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Archéologie sous-marine ...

Samedi 21 octobre 2017 à 07h

Cette semaine, Nadine interroge Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur au sujet d’un objet trouvé… dans une rivière !



Les trésors ne se dénichent pas que dans les greniers ou les salles de vente ! La preuve en est, l’objet que nous soumet ici Nadine a été trouvé au fond de la Sauldre, un affluent du Cher, qui coule au sud de notre département. En mauvais état, il présente des manques importants. Ceci rend impossible une identification péremptoire. Ce qui est certain, c’est qu’il est en bronze. Cette couleur verte est caractéristique du « vert-de-gris », l’oxyde que produit le cuivre (un composant du bronze) en se dégradant. De forme lancéolée, il présente à la base une soie, la fine partie de la lame qui vient se ficher dans le manche, comme nos couteaux de cuisine. Cette dernière est en partie enserrée dans une gangue de rouille. D’une longueur d’environ 30 cm, ce pourrait être la lame présente une ondulation qui semble d’origine, ayant donc un but esthétique. Quésaco ? C’est bien tout le problème… La présence de rouille, donc de fer, nous indique que cette pièce ne peut être datée avant l’an 800 av. J.C. qui marque le début de l’Âge du Fer en Occident. Mais des armes en bronze seront encore utilisées pendant longtemps. Fer de lance ? Dague à un tranchant ? Impossible, en tout cas sur photo, de… trancher ! Cette pièce dite « de fouille » n’a, quoi qu’il en soit, pas grande valeur pécuniaire, son état est bien trop mauvais. Compter quelques dizaines d’euros.

En revanche, elle peut présenter un intérêt considérable pour les historiens et archéologues. Nadine, si vous avez trouvé cet objet non loin d’un champ de bataille, d’une ancienne villa, château où d’un quelconque autre site archéologique, il peut fournir de précieux renseignements aux érudits qui connaissent parfaitement l’histoire du lieu. Mais vous pourriez également être carrément tombée sur un site inconnu ! Si vous trouver un objet « susceptible de présenter un intérêt archéologique », la loi est claire : vous devez le déclarer à la mairie de la commune sur laquelle a été faite la découverte. Il est en outre conseillé de faire également cette déclaration auprès du service archéologique de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Orléans. Si le « trésor » s’avère intéressant pour l'histoire et la science, l'État peut demander à en disposer pour une durée maximale de cinq ans à compter de la date de sa déclaration. Cela en permettra l'inventaire et l'analyse. Il sera ensuite restitué à son nouveau propriétaire. Car un « trésor » découvert fortuitement (c’est-à-dire sans le rechercher, avec un détecteur de métaux par exemple) appartient à 50% à son inventeur (celui qui le découvre) et à 50% au propriétaire du terrain. Voilà qui doit vous rappeler cette fabuleuse histoire du maçon de Montrichard qui, en 2007, alors qu’il réalisait des travaux dans une maison, a déniché un pot en grès contenant près de 300 monnaies d’or et d’argent d’une valeur de 300 000 € ! Nadine, la prochaine fois sera peut-être la bonne !
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