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Une Rolex sous Louis XIV pour ne pas perdre le nord

Samedi 31 octobre 2009

Donner l’heure a toujours été un signe extérieur de richesse, et autrefois de pouvoir. Au tintement des cloches de l’église correspondait le cadran solaire sur les murs, et pour certains puissants, un objet mobile : le sablier puis la montre. On « lisait » l’heure grâce au soleil…

Donner l’heure a toujours été un signe extérieur de richesse, et autrefois de pouvoir. Au tintement des cloches de l’église correspondait le cadran solaire sur les murs, et pour certains puissants, un objet mobile : le sablier puis la montre. On « lisait » l’heure grâce au soleil…Cet objet est une boussole-cadran solaire. Elle sert à déterminer la position présente de l’utilisateur, indiquer une marche à suivre et en garder le cap, ou bien permettre, en y ajoutant un cadran solaire, de déterminer l’heure du jour ! Et c’est précisément cette dernière fonction que présente notre instrument, qui devient alors un cadran solaire de voyage.

Le principe physique est simple. Une aiguille magnétisée ou « aimantée », c'est-à-dire sensible au champ magnétique de la terre, placée et tournant librement sur un pivot, nous indique la direction du nord magnétique du globe terrestre. C’est dans les textes chinois que le principe de la boussole semble être décrit pour la première fois. La boussole, du terme italien bussola – petite boîte – est restée inconnue en Europe jusqu’au XIIème siècle. Toute la tâche réside dans le positionnement de notre « montre » par rapport au soleil. Il s’agit d’orienter l’instrument par rapport au nord que la boussole désigne, d’incliner la lunette mobile gravée des heures en chiffres romains. C’est grâce et selon le croissant latéral gravé en degré, d’après le lieu où l’on se trouve. Relevons le gnomon – tige située au centre – et il ne reste plus qu’à lire l’ombre portée par ce dernier sur la lunette ! L’aiguille de la boussole, en forme de flèche, trouve sa place dans un cadran circulaire, et la rose des vents est tracée à la plume sur papier. Le boîtier, de forme octogonale, est en laiton et bronze gravé à l’aide de burins. La face est gravée de fleurs alternées de cartouches à fond quadrillés. Au dos, est gravé le nom de certaines villes, dont Dantzig, les chiffres indiquant l’angle selon lequel doit être positionnée la lunette pour « lire » l’heure. Le mystère reste entier sur le fabricant ou le propriétaire de cette montre, qui aurait gravé son nom sur le même dos…« Lorenz Graff » ? Notre modèle est né au XVIIème siècle, il témoigne du besoin de pouvoir lire l’heure en tout point géographique, et du fait que les montres étaient encore réservées à une élite. Ces mécaniques, nées au début du XVIème siècle, qu’il faut remonter parfois plusieurs fois par jour, sont à l’époque d’une précision toute relative ! Notre cadran solaire témoigne aussi de l’intérêt croissant porté aux instruments scientifiques, ayant, parfois, une certaine fonction sociale, dans la mesure où notre modèle tient dans la poche d’un gilet : c’est un instrument de « curiosité » qui, montré à l’entourage, est susceptible d’exprimer, intentionnellement ou pas, sa culture, son érudition, ou son caractère cosmopolite.

Cet objet scientifique, de curiosité est la Rolex sous Louis XIV ! En disposer attestait que l’on avait pas raté sa vie à 50 ans…comme l’a précisé malencontreusement, le publicitaire Séguéla. En dépit d’un éclat visible au verre, cette boussole est un bel objet, bien empreint de l’époque qui l’a vu naître, et pour lequel il faut compter tout de même à partir de 150 € ! Soit dix fois moins qu’une Rolex d’aujourd’hui…ah comme les antiquités sont bon marché ! Faites le savoir au Président Sarkozy, lui qui aime tant les Rolex et les montres !
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