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Chasse au Buffet !

Samedi 16 septembre 2017 à 07h

Cette semaine, Ginette s’interroge sur la valeur d’un buffet qui se trouve dans sa famille depuis longtemps. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.



La particularité du buffet de Ginette est qu’il est vitré en partie haute et a donc pour but d’exposer sa plus belle vaisselle aux yeux des invités. Très probablement en chêne, il est richement sculpté de fruits, de feuillages et de fleurons. Sur les portes de la partie basse, un thème particulier attire l’œil. Le vantail de gauche figure un lièvre et celui de droite, un faisan, tous deux sculptés en bas-relief. Ils sont suspendus par un ruban dans des volutes feuillagées. Buffet de chasse ?

Non ! Les ornements cynégétiques ne font pas le moine ! Les buffets de chasse sont des buffets bas ouvrant par deux vantaux moulurés dits « brisés » ou « à évolution ». En effet, une seconde paire de charnières permet de rabattre les portes et ainsi de les laisser ouvertes pendant le repas sans qu’elles gênent. Ces meubles sont invariablement coiffés d’un plateau de marbre qui leur donne l’appellation de « buffet à pierre » dans le Lyonnais. Ils comportent en outre deux petits tiroirs en ceinture réputés accueillir les couteaux servant à la découpe du gibier. Voilà qui nous amène à la table à gibier, une table d’apparat placée au centre d’une pièce. Richement sculptée, souvent dorée, sur ses quatre côtés, elle reçoit une épaisse plaque de marbre. Outre son aspect décoratif, ce plateau permet de protéger le bois des gouttes de sang du gibier fraîchement abattu. Le buffet de chasse et la table à gibier sont des meubles rares et recherchés.
La peinture est riche de natures mortes opulentes mettant en scène animaux, feuillages, fruits et légumes d’automne. Il y a fort à parier que ces meubles accueillaient ce genre de compositions lors de dîners somptueux. Les invités comprenaient alors que la surabondance de mets allait bien au-delà du contenu de leur assiette et que leur amphitryon était un bien grand seigneur !

Le buffet de Ginette participe de cette tradition. Créé à la fin du XIXe siècle, il s’adapte à la mode bourgeoise : fonctionnel, certes, mais dévoué à l’ostentation avant tout ! Par sa forme et ses ornements, il s’inspire des armoires à retrait du XVIe siècle. Son style combine pompeusement des motifs renaissances mais également des XVII et XVIIIe siècles. C’est le fameux style Henri II. Nous avons maintes fois évoqué le grand désamour pour ce type de mobilier dans cette rubrique… Et cela n’a pas changé ! N’étant absolument pas adapté au mode de vie actuel, il est boudé. Comptez une centaine d’euros en brocante, guère plus.
Quant à vous chers chasseurs, vous savez désormais ce qu’il vous faut pour honorer vos prises. Bonne saison, par saint Hubert !
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