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Un peu de fraïcheur !

Samedi 22 juillet 2017 à 07h

Cette semaine, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à Chantal, de Salbris qui lui demande d’estimer un « seau à champagne en étain pur ».



Les chaudes soirées d’été se prêtent à de longs et conviviaux apéritifs. Mais quoi de plus terrible qu’un Vouvray ou une limonade tiède ?! Heureusement, le rafraîchissoir à bouteille, que l’on nomme plus couramment seau à glace ou à champagne, est là !
Sous l’Antiquité, les Grecs et les Romains rafraîchissaient déjà certaines boissons avec de la glace. Cette pratique n’a jamais cessé et nombre de rafraîchissoirs à bouteille des XVII et XVIIIe siècle sont parvenus jusqu’à nous. Les plus luxueux sont en argent mais sont rares. On en rencontre le plus souvent en faïence ou en étain. Ce récipient généralement de forme circulaire est muni de deux anses latérales. Il est destiné à accueillir une bouteille que l’on plonge dans de la glace ou, à défaut, de l’eau froide.

Car jadis la glace était rare ! Eh oui, songez que le congélateur n’équipera les ménages qu’à partir des années 1960 ! Autrefois, l’hiver venu, on stockait neige et glace entre des couches de paille dans un petit bâtiment nommé glacière. Il se compose d’un puit maçonné de plusieurs mètres de profondeur sommé d’un édicule le plus souvent semi-enterré. Un canal d’écoulement d’eau est ménagé au fond. Vous pouvez toujours en observer à Versailles ou encore au château de Chantilly. La grande glacière de ce dernier est célèbre. Elle mesure plus de 9 m de diamètre pour 11 mètres de profondeur et peut contenir… 600 tonnes de glace ! Toujours en activité au XIXe siècle, elle fournissait même les glaciers de Paris. La glace consommée toute l’année est donc récoltée en hiver. À l’annonce des gelées, des ouvriers se pressent pour nettoyer la surface des étangs et autres pièces d’eau situés à proximité des glacières. Lorsque la surface est gelée sur plusieurs centimètres, la récolte, à coups de pioche, et le stockage, peuvent commencer. Mais seuls les grands seigneurs disposent de telles installations. Les autres doivent acheter ce précieux élément à prix d’or !

Le rafraîchissoir de Chantal n’a jamais accueilli que des glaçons provenant d’un congélateur car il date de la toute fin du XXe, voir du début du XXI siècle. De forme évasée, il est en étain, un métal bon marché. Il reçoit un riche décor de quatre médaillons figurant la récolte du raisin, son transport, la vinification et enfin, la dégustation ! Ces scènes sont encadrées par des pampres de vigne. Il est muni de deux poignées facilitant son transport. En dessous, un cachet indique que de l’étain pur à 95% a été utilisé pour sa réalisation. Fondu dans un moule, ce rafraîchissoir est le fruit d’une fabrication en série plus industrielle qu’artisanale. Ce modèle se vend d’ailleurs toujours sur internet, neuf, pour environ 350 €. Malheureusement pour notre lectrice, les pièces en étain n’ont pas du tout la cote. Les objets anciens sont boudés, que dire alors des modernes… Comptez dix fois moins qu’un neuf, soit environ 35 € en brocante. Le prix de la glace ayant considérablement baissé depuis le XVIIe siècle, profitez-en pour vous rafraîchir à loisir !
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