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LOUIS XII : BRONZE ÉQUESTRE DES COLLECTIONS BIENCOURT AU CHÂTEAU D’AZAY LE RIDEAU

Jeudi 06 juillet 2017

Présentation d'Aymeric Rouillac, réalisée avec le concours de Brice Langlois et Alexandre Posson, étudiant du master en Histoire de l'Art de l'Université de Tours.

Statue équestre de Louis XII acquise par le Centre des Monuments Nationaux auprès de la maison Rouillac au profit du château d'Azay le Rideau.
Figure 1 Félibien, statue équestre de Louis XII, 1681, illustrant le manuscrit des “Mémoires pour servir à l’histoire des Maisons Royalles et bastiments de France”, conservé au château de Cheverny
Figure 2 Emile Seurre (1798-1858) Statue équestre de Louis XII en façade du château de Blois, c. 1857-1858.
Figure 3 Antoine Lancelot, Statue équestre de Louis XII, 1732, Parue dans les Monuments de la Monarchie Française du R. P. de Montfaucon. Copie par Pierre Daudin.
Figure 4 Anonyme, statue équestre de Louis XII, n.d.,Gravure faisant partie de la collection formée par Fevret de Fontette (1710-1772). Bibliothèque Nationale des Estampes. Copie M. Lebaron.
Figure 5 Brachard, Mascret, Statues équestres de Louis XII, biscuit, vers 1817-1839, collection du château de Pau.
Figure 6 Henri Marie Jacquemart, 1862, Louis XII Statue équestre, Hôtel de ville de Compiègne.
Louis XII (1462-1515), est représenté à de nombreuses reprises lors de son règne. Le « père du peuple » issu de la maison de Valois tombe cependant dans un relatif oubli après sa mort, éclipsé par son brillant cousin François Ier, puis par les souverains de la maison de Bourbon. Le sculpteur Guido Mazzoni (1450-1518) dit Parganino, venu d’Italie à l’invitation de Charles VIII, réalise en 1502 une statue équestre de Louis XII qui est placée en façade du château de Blois (fig. 1). Cette sculpture équestre est détruite en 1793 lors de la Révolution française. L’architecte Jacques Félix Duban (1797-1870), qui restaure le château de Blois de 1846 à son décès, demande au sculpteur Emile Seurre (1798-1858) de remplacer ce manque. La nouvelle statue est réalisée vers 1857-1858 à partir des dessins anciens (fig. 2).

Au fil du temps différent protagonistes eurent l’occasion de représenter la statue de l’artiste Italien, dont l’historien Antoine Lancelot (1675-1740) (fig. 3) et quelques dessinateurs à ce jour anonymes, comme sur une gravure conservée dans la collection de Frevet-de-Fondette (1710-1772) (fig. 4). Le dessin le plus fidèle est réalisé en 1681 par Félibien (1619-1695), reproduit dans Mémoire pour servir à l’histoire des maisons royales bâtiments que conserve le château de Cheverny. La manufacture de Sèvres réalise deux biscuits équestres de Louis XII : un en 1817 sous la direction d’Alexandre Brachard et un autre modelé par Mascret en 1839 (fig. 5). En 1869, Henri Marie Jacquemart présente au Salon de Paris une statue équestre de Louis XII, actuellement en façade de l’hôtel de ville de Compiègne, réalisée dans le cadre de sa restauration par Viollet-Le-Duc (fig. 6).

Notre bronze figure Louis XII à cheval (fig. 7), portant une couronne ouverte et le collier de la ligue de Saint-Michel. Son torse est droit, légèrement tourné vers la droite, le regard portant loin. Le cheval marche au pas, la tête ornée d’un fleuron et le corps vêtu d’un caparaçon losangé marqué du porc-épic. De toutes les statues équestres de Louis XII, notre bronze est celui qui est le plus fidèle au dessin de Félibien représentant la sculpture de Parganino. Il provient, par descendance, des anciennes collections Biencourt, au château d‘Azay-le-Rideau.

C’est une réplique fidèle du biscuit créé à Sèvres en 1817 par Brachard dans le cadre d’un groupe de six statues équestres exposé lors de l’exposition de la nouvelle année, le 1er janvier 1818 au Louvre. Ce groupe comprend six souverains : Louis IX dit Saint-Louis (1226-1270), Louis XII dit le Père du peuple (1498-1515), François Ier, Charles V dit le Sage (1364 -1380), Henri IV (1589-1610) et Louis XIV dit le roi Soleil (1643-1715). Alors que Louis XVIII restaure la traditionnelle exposition du 1er janvier en 1818, Sèvres profite de l’occasion pour renouer avec le faste de la commande des Grands hommes passée en 1782, par le comte d’Angiviller, directeur des bâtiments du roi, sous forme de 23 biscuits qui firent grande impression d’après les sculptures crées concomitamment pour le Louvre.

Les marques en creux, relevées sur un des trois biscuits originaux figurant Louis XII conservés au château de Pau, indiquent la date du 5 novembre 1817, avec les monogrammes du modeleur Jean-Nicolas-Alexandre Brachard, dit Brachard jeune (1775-1843) et du sculpteur Jean-Jacques Oger (1759 - 1842). La série des six biscuits est livrée par Sèvres dans la foulée au garde-meuble royal pour somme de 500 francs pièce (Sèvres archives, Vbb 5, f.15). Une série de douze est commandée le 6 juillet 1821 pour le château de Saint-Cloud au même prix. En 1842, le roi Louis-Philippe commande à son tour certaines statues. La seule suite complète en biscuit que nous avons identifiée est conservée au musée Capodimonte à Naples (Italie).

Provenant des collections de la famille de Biencourt en son château d’Azay-le-Rideau, apparentée à la famille d’Orléans, qui a enrichi le musée Condé à Chantilly, il n’a pas été possible de comprendre comment ni par qui ce bronze a été fondu. Probablement unique, cette fonte est exceptionnelle. Il est également troublant de comparer ce bronze avec le groupe créé en 1834 par la Princesse Marie d’Orléans (1813-1839) figurant Jeanne d’Arc épargnant un soldat anglais, conservé au musée Condé : l’allure, le pas et le mouvement sont proches de notre bronze. A-t-il inspiré la jeune princesse ? Il est vraisemblable qu’il ait inspiré la Comtesse Valentine de Biencourt (1839-1929), dont l’œuvre sculptée et fondu dans le bronze est conservée au musée des Arts décoratifs de Lyon.


TV TOURS, Émission Tout Sur Un Plateau animée par Émilie Tardif
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