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Gloria Victis !

Samedi 17 juin 2017 à 07h

Cette semaine, Claude, de Saint-Gervais-la-Forêt, écrit à Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, afin de connaître la valeur d’une lithographie célébrant la « Gloire militaire de Napoléon ».



« Comme s'envole au vent une paille enflammée,
S'évanouit ce bruit qui fut la grande armée,
Et cette plaine, hélas, où l'on rêve aujourd'hui,
Vit fuir ceux devant qui l'univers avait fui ! »

Ces vers de Victor Hugo relatent la bataille de Waterloo, dont le 202e anniversaire sera célébré demain. Le 18 juin 1815, la Grande Armée affronte les forces européennes coalisées. Non loin d’un petit village belge, à 20 kms de Bruxelles, les Français se battent contre les soldats prussiens et anglais. Cette bataille met un point final à l’épopée napoléonienne.
Napoléon, de retour d’exil, a retrouvé son trône trois mois auparavant. Menacé par l’Europe entière, il décide d’attaquer l’armée anglo-prussienne en Belgique, avant que les troupes russes et autrichiennes ne la rejoignent. L’Empereur, avec l’aile gauche de l’armée commandée par Ney se porte à la rencontre de l’anglais retranché sur le plateau du Mont-Saint-Jean, au sud de Waterloo. L’aile droite commandée par Grouchy poursuit depuis deux jours les Prussiens. La bataille s’engage fort bien pour les Français qui ont cependant cruellement besoin de renforts à la fin de la journée. Un nuage de poussière s’élève au loin : les rangs exultent : « Voilà Grouchy, hourra ! ». Hélas, il s’agit des troupes prussiennes… C’est la débandade. Les « Hourra ! » laissent place aux « Trahison ! ». Deux bataillons de grenadiers forment les « carrés », seuls dispositifs de défense capables de résister à une charge de cavalerie. L’un d’eux est commandé par le fameux général Cambronne. Un officier anglais, époustouflé par la bravoure de ces soldats, vante leur mérite et les invite à se rendre. Cambronne lui hurle alors : « Merde ! La Garde meurt et ne se rend pas ! ». Napoléon, lui, est déjà en route pour Paris dans le but de sauver ce qu’il reste de son Empire. La suite de l’histoire, vous la connaissez.

La gravure de Claude s’intitule « Gloire Militaire de Napoléon ». Au centre, une carte d’Europe situe le lieu de chaque bataille célèbre de l’Empire. Sur les côtés, elles sont listées suivant l’ordre chronologique des différentes campagnes menées par l’Empereur. On y découvre les forces en présence, ainsi qu’un court résumé du déroulement des évènements. Cette carte a été réalisée par un certain M. Mulat, instituteur à Brienne, précisément là où le jeune Bonaparte a fait ses classes ! Elle est publié en 1838, l’année où Louis-Philippe monte sur le Trône. Et effet, il était impossible, sous le règne des Bourbons, d’imaginer imprimer officiellement un tel document faisant l’éloge des batailles de « l’usurpateur ». Le Roi Louis-Philippe cherche à s’attirer les faveurs des royalistes, des républicains et des bonapartistes. Un vent nouveau portant une certaine liberté d’opinion souffle en France, Mulat en profite ! Claude a oublié de nous préciser les dimensions. Quoi qu’il en soit, cette carte est un peu « triste ». Elle manque d’illustrations, de couleurs. Probablement destinée à des écoliers, elle a été tirée à de nombreux exemplaires et n’est pas rare. Un amateur de l’Empire pourra néanmoins débourser une cinquantaine d’euros pour en faire l’acquisition.
Demain, les Français se feront tous petits, préférant célébrer l’Appel du 18 juin, à la bataille du 18 juin… En revanche, la Reine d’Angleterre donnera un grand dîner en son château de Windsor… ! Terminons par ces mots imprimés sur la carte de Claude : « Si des jours de tristesse ont remplacé de si beaux jours (…) console-toi belle France tu n’es pas vaincue ! (…) Ta gloire s’est encore augmentée dans tes malheurs ».
Gloria victis ! Gloire aux vaincus !
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