FR
EN

À ses compagnons de gloire !

Samedi 27 mai 2017 à 07h

Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, répond cette semaine à Marcel, de Langon qui souhaite connaître l’histoire d’une médaille qui lui vient de son arrière-grand-père.



« Tête… Armée ». Telles sont les dernières paroles que prononce Napoléon Bonaparte avant de rendre l’esprit le 5 mai 1821. Son ultime pensée est donc pour ses soldats, ses « enfants ». Il les a d’ailleurs couchés sur son testament : « Je lègue mon domaine privé, moitié aux officiers et soldats qui restent de l’armée française, qui ont combattu depuis 1792 à 1815 pour la gloire et l’indépendance de la nation ». Soit environ 200 millions de francs ! Mais, à la chute de l’Empire, peu nombreux sont les vétérans qui touchent une rente. De plus, les fantassins et cavaliers des nombreux régiments licenciés par Louis XVIII vivent bien souvent dans l’oubli et la misère. Leurs officiers, les fameux demi-soldes, subissent le même sort, et n’ont plus que leurs yeux pour pleurer sur les ruines de leur carrière brisée.

Le neveu de Napoléon Ier règne de 1852 à 1870 sous le nom de Napoléon III. Il souhaite honorer « par une disposition spéciale » les soldats de la Grande Armée encore vivants. Il crée ainsi, en 1857, une médaille commémorative qu’il nomme « Médaille de Sainte-Hélène ». Peut-être aussi un moyen de recueillir les derniers rayons de gloire du Premier Empire ? Le premier décoré est d’ailleurs le plus jeune frère de Napoléon Ier, Jérôme Bonaparte, alors âgé de 75 ans. En bronze, elle figure à l’avers le profil de Napoléon Ier et comporte au revers ce texte : « Campagnes de 1792 à 1815. À ses compagnons de gloire, sa dernière pensée, Ste Hélène 5 mai 1821 ». Elle est ceinte de couronnes de lauriers et surmontée de la couronne impériale.

On estime que 405 000 soldats du Premier Empire sont encore en vie en 1857. Tous peuvent prétendre à cette décoration, tant qu’ils fournissent des preuves de leur service entre 1792 et 1815. Les archives recensant tous les récipiendaires, conservées au palais de la Légion d’Honneur, sont malheureusement détruites lorsque les communards l’incendient en 1871.
Un groupe de bénévoles dépouille activement les archives départementales pour identifier les médaillés. À ce jour, 210 586 sont connus, tant en France qu’à l’étranger.

La médaille de notre lecteur est dorée, une coquetterie non réglementaire ! Elle n’a pas pu être décernée à son arrière-grand-père, né en 1874 à Villefranche-sur-Cher. En revanche, les archives du Loir-et-Cher mentionnent un médaillé nommé Jean Gaultier qui vivait à Saint-Aignan, ancien soldat du 105e de ligne puis du 6e régiment de grenadiers voltigeurs. Peut-être votre quadrisaïeul cher Marcel ?!
Ces médailles, frappées à de très nombreux exemplaires, ne sont pas rares. De plus, celle de notre lecteur est usée et présente des oxydations. Comptez une vingtaine d’euros. Mais pour vous Marcel, un tel souvenir, familial et historique, a-t-il un prix ?
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :