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Escapade impressioniste

Samedi 20 mai 2017 à 07h

Cette semaine, Patrice sollicite Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, afin de connaître l’estimation d’une paire d’aquarelles réalisées par Henry-Alexis Schaeffer.



Un étang et un cours d’eau bordés d’arbres qui se détachent sur un ciel bleuté agrémenté de gros nuages blancs… Seule une petite cabane vient rappeler au spectateur que l’homme connaît cet endroit. Car c’est la nature qui est célébrée ici : un thème initié par la fameuse école de Barbizon qui connaît ses heures de gloire sous le Second Empire. Plus encore que la nature, ces aquarelles célèbrent la lumière. La lumière de l’instant T qui rend unique chaque couleur, chaque nuance de tonalité. Cette quête est celle poursuivie par les Impressionnistes dans les années 1870-1880. Pensez aux « séries » de Monet qui peint à plusieurs reprises le portail de la cathédrale de Rouen, des meules à des heures différentes de la journée ou encore les Falaises d’Étretat. Le sujet importe moins que le jeu de la lumière sur les matériaux, qui varie suivant l’heure du jour, suivant la saison et les conditions climatiques. Comment peindre l’instant, en travaillant sur place et non en atelier ? Eh bien, il faut peindre rapidement ! Voici en partie ce qui explique la multitude de petites tâches que vous observez sur les œuvres des maîtres. À chaque nuance, sa tache. Comme les pixels de votre téléviseur, vu de près c’est incompréhensible, mais, de loin, les couleurs se « mélangent », offrant un effet fabuleux.

Henry-Alexis Schaeffer, né à Paris en 1900, est un héritier des Impressionnistes. On nomme « Postimpressionnistes » les très nombreux peintres qui suivent et s’inspirent de ce courant. Les couleurs pastel, les petites taches que l’on distingue clairement et cette sensation d’un travail d’exécution rapide sont typiques du genre. Schaeffer utilise pour cela la technique de l’aquarelle. Mais attention aux bavures ! L’aquarelle est réservée aux artistes aguerris car elle ne permet pas le repentir. Les couleurs sont délayées dans de l’eau, puis posées au pinceau sur un papier épais quelque peu buvard. Précisons que le papier peut être humecté préalablement afin de diluer encore plus les couleurs. C’est une preuve du bon coup de pinceau de Schaeffer qui préfère pourtant l’huile. Il commence sa carrière dans les années 1930 en tant qu’illustrateur, principalement pour des revues destinées à la jeunesse. Casterman, l’éditeur de Tintin, le fait travailler pour plusieurs romans et recueils de contes. Membre sociétaire du Salon des Artistes Français à partir de 1934, il y expose essentiellement des vues de Paris qui ne sont pas sans rappeler celles d’Eugène Galien-Laloue. Il décède en 1975.

Les aquarelles de Patrice sont donc probablement nées d’une escapade champêtre puisqu’elles sont situées à Mennecy pour l’une et à Etampes pour l’autre, deux villes de l’ancienne Seine-et-Oise. Elles sont signées et dédicacées « En hommage à M. Berger ». D’assez grandes dimensions (45 x 30 cm), elles sont forts plaisantes et décoratives. Mais Schaeffer n’est pas un artiste très coté. Ses aquarelles de Paris se vendent difficilement une petite centaine d’euros… quand elles représentent la capitale. Ici, il ne faut pas en espérer plus de 60 à 80 € la paire en brocante.
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