Vive les Mariés !
Samedi 29 avril 2017 à 07h
Cette semaine, Bernadette demande à Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, l’estimation d’un globe de mariage.
L’arrivée du printemps lance la saison des mariages. L’occasion de nous pencher sur une tradition abandonnée dans les années 20-30 qui nous a laissé de bien curieux objets : les globes de mariage. Nous en avons tous vu trôner sur la commode d’un salon. Rangés dans la catégorie des arts populaires, ils sont considérés comme assez kitchs et il n’est pas toujours évident de les intégrer dans un intérieur. De ce fait, nombre d’entre eux sont débarrassés de leur contenu et le globe, très « tendance » est vendu vide… Faisons donc la lumière sur les éléments qui le garnissent pour faire passer l’envie à certains indélicats de les faire disparaître.
En France, la jeune épouse avait coutume de conserver sa couronne de mariée. Sous le Second Empire, la coutume se répand de la déposer sur un coussin, sous un globe de verre reposant sur un socle de bois. Ces globes sont, à l’origine, destinés à protéger de la poussière, le mécanisme d’une pendule. Acheté par les parents, les époux eux-mêmes ou la marraine de la mariée, il est placé dans la chambre à coucher ou dans la pièce à vivre. Ce souvenir impérissable grandi avec le ménage tout au long de sa vie.
D’une façon générale les globes recèlent les mêmes éléments. Le principal est la couronne de la mariée, généralement en fleurs d’oranger (naturelles ou non), symbole de pureté. Autour de celle-ci et du coussin sur lequel elle repose s’articule un décor en métal embouti et doré figurant des fleurs et des feuillages. Chacun ayant une symbolique forte : le chêne pour la longévité, le lierre pour l’attachement, la vigne pour l’abondance, etc. Ils sont accompagnés de petits miroirs de formes diverses, mais en quantité choisie ! Le nombre de miroirs de forme losangique est égal au nombre d’enfants souhaité par les époux ; les petits miroirs de forme rectangulaire comptabilisent le nombre d’années écoulées entre leur rencontre et leur union. Quant au plus grand miroir rectangulaire, il rappelle aux amoureux la fidélité qu’ils se sont promise.
Ces éléments, véritable allégorie du mariage, sont rejoints au fur et mesure par des photographies, des bijoux, des objets religieux bénis, des mèches de cheveux des enfants mais aussi parfois par un ange en porcelaine pour un petit enfant décédé.
Le globe de Bernadette est assez épuré. Impossible de manquer la couronne de fleurs d’oranger située en partie supérieure. Elle émerge d’un bouquet de fleurs, probablement en papier. Sa particularité réside dans le fait que le décor nait d’un vase de forme cornet à ailettes ajourées en porcelaine. Il est richement décoré en polychromie et en or de la vue d’une église (celle où a eu lieu la cérémonie). Devant ce dernier se tiennent deux charmant sujets, eux aussi en porcelaine, qui représentent les mariés. Chose rare, le globe central est flanqué de deux autres globes à la manière d’une garniture de cheminée. Ils reçoivent un décor similaire.
Ces globes, réalisés à la fin du XIXe siècle, échappent au côté « fouillis » de certains autres. Mais, de ce fait, ne possèdent pas tous ces éléments riches en symbolique tant appréciés des collectionneurs. Pour la richesse des vases et des sujets en porcelaine, et le fait que le globe central soit accompagné par deux autres globes, comptez environ 200 €.