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Amour de Pâques

Samedi 15 avril 2017 à 07h

Cette semaine, Patrick, de Souesmes, écrit à Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, au sujet d’une statuette en porcelaine dont il souhaite connaître l’origine et la valeur.



La statuette de Patrick représente un charmant poupon dénudé, muni d’ailes, et tenant un flambeau allumé. Il s’appuie sur une base de colonne au pied de laquelle sont posé un arc et un carquois rempli de flèches. Dans sa main droite, il tient une guirlande de roses. Vous l’aurez reconnu, c’est ainsi que l’on représente l’amour depuis l’Antiquité.

Les touristes étrangers voient souvent la France comme un pays romantique et prompt à accueillir des roucoulades. L’Hexagone se dispute cette place avec son voisin l’Italie. Eh bien c’est cette dernière patrie qui a donné naissance à l’amour de Patrick ! En effet le N couronné bleu est la marque de la manufacture de porcelaine de Capodimonte, qui se trouve près de Naples. Sous cette marque, est inscrit le nom « Kessler » au stylet, en creux. C’est probablement le nom de l’artiste à l’origine de cet angelot. En porcelaine, elle est simplement recouverte d’un émail transparent qui laisse le blanc exprimer toute sa pureté.

La manufacture de Capodimonte naît en 1743 de la volonté de Charles de Bourbon, roi de Naples, et de son épouse. En 1759, il devient Roi d’Espagne sous le nom de Charles III, déménageant à Madrid, il n’était pas question de laisser sa manufacture sur les collines de Naples. Il la fait purement et simplement raser ! Les ouvriers, les artistes et leur matériel se trouvent délocalisés et installés à la fabrique royale de porcelaine du Buen Retiro dans la campagne madrilène. C’est un français, Joachim Murat, installé en 1808 sur le trône de Naples par son beau-frère Napoléon Ier, qui va bouleverser la production. Aux colossaux services de tables, il préfère la statuaire et les objets décoré de fleurs en porcelaine. Qu’à cela ne tienne, la manufacture s’en fait une spécialité ! La manufacture royale de porcelaine de Capodimonte éteint définitivement ses fours en 1821. Mais ce nom est repris dans la seconde moitié du XIXe siècle par de nouvelles manufactures comme Majello qui existe encore aujourd’hui, faisant la fierté de l’art italien.

Il est à craindre que l’amour de notre lecteur fût créé dans la seconde moitié du XIXe siècle, dans le style de ce que l’on faisait au XVIIIe siècle. De belle taille (25 cm de hauteur pour 30 cm de largeur), cette statuette a un gros défaut : son flambeau est brisé et – mal - recollé. Ainsi, comptez une cinquantaine d’euros en brocante, contre 100 € s’il avait été en bon état.

En ce samedi Saint, cet angelot ne peut que nous faire penser aux myriades d’anges qui préparent leurs trompettes pour annoncer lundi la Résurrection du Christ. Alors avec un peu d’avance, joyeuse Pâques !
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