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Une sphinge gardienne du temps

Samedi 08 octobre 2011

C’est à la plus ravissante femme qu’ait connu le Loir et Cher que l’on doit l’inspiration de notre pendule. En marbre noir et en onyx vert, elle est flanquée d’un obélisque de part et d’autre, à la façon d’une garniture de cheminée.

C’est à la plus ravissante femme qu’ait connu le Loir et Cher que l’on doit l’inspiration de notre pendule. En marbre noir et en onyx vert, elle est flanquée d’un obélisque de part et d’autre, à la façon d’une garniture de cheminée. Des symboles ésotériques sont gravés en or et blanc dans la pierre. Ils se veulent des hiéroglyphes mais n’en sont pas, On y voit le faucon du dieu égyptien Horus, des cobras, des ailes d’aigles et d’autres animaux impressionnants. Le plus spectaculaire reste à découvrir : trois statuettes de bronze encadrent le cadran émaillé. Au dessus, un être fantastique mi-femme, mi-lionne, mi-ange ou démon est allongé. C’est une sphinge. De chaque coté, assis sur leurs pattes arrières, deux griffons griffus nous fixent du regard. Les vers de Lamartine « Ô Temps suspens ton vol… » ont rarement sonné si juste !

Le goût pour l’Égypte prend un essor considérable après l’expédition de Bonaparte dans ce pays de 1798 à 1801, le savant français Champollion parvenant à déchiffrer les hiéroglyphes. Trente plus tard, un obélisque de 230 tonnes de granite est rapporté par bateau de Louxor. Il est installé sur l’une des plus belles places de Paris : l’actuelle place de la Concorde. Mais, on doit la figure de la sphinge à la Marquise de Pompadour, celle là même qui fit bâtir le ravissant château de Ménars. La sphinge (masculin sphinx) est cet être cruel qui dévorait sous les murailles de la ville de Thèbes ceux qui ne savaient résoudre son énigme : « Quel être, pourvu d’une seule voix, a d’abord quatre jambes, puis deux jambes, et trois jambes ensuite ? ». Œdipe est le premier à trouver la réponse : l’homme passant de l’enfance à quatre pattes à l’âge adulte sur ses deux jambes aux quelles il faut ajouter une canne dans son vieil âge ! Madame de Pompadour, favorite du roi Louis XV dans les années 1750, avait choisi de se faire représenter en sphinge, pour montrer sa culture et… son pouvoir. Il reste une grande statue de La Pompadour en sphinge dans le château de Vic-sur-Aisne. Celle de Ménars ayant malheureusement disparu.

Cette pendule mêle donc avec talent différents registres historiques et artistiques. La précision du cadran et de ses chiffres romains fait penser à une production de l’époque de la Restauration vers 1830-1840. Mais l’allure des griffons et certains détails ne permettent pas de trancher définitivement en ce sens. Cela pourrait être plus tardif. Une image du mouvement serait précieuse pour estimer cet objet. Comptez sur 400 € si cette pendule date de la fin du dix-neuvième siècle. Ajoutez un zéro si la pendule est plus ancienne !!! Et si la sphinge vous pose une question a laquelle vous ne savez pas répondre, tentez de la séduire et emmenez là faire un tour dans le parc de Ménars !
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