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DU XVIe SIÈCLE AUX PREMIERS ORDINATEURS, UN SAVOIR-FAIRE À LA FRANÇAISE

Vendredi 02 juin 2017

La Gazette Drouot, Caroline Legrand

FOCUS

Il est toujours agréable de chanter un petit cocorico. Quelques jours après l’adjudication à 110 000 €, à Cologne, le samedi 20 mai (maison Breker), d’un exemplaire du légendaire Apple I, l’un des premiers ordinateurs personnels de l’histoire et le premier-né de la firme américaine créée par Steve Jobs, le très français R2E Micral N est annoncé du côté du château d’Artigny le 11 juin prochain. Avec une mise à prix raisonnable à hauteur de 20 000 €, il pourrait bien créer quelques surprises. Son histoire remonte aux balbutiements de l’informatique. La Seconde Guerre mondiale avait permis le développement des premières machines électroniques telles le décrypteur de messages britannique Colossus ou le calculateur américain ENIAC. Si IBM sera la première firme à produire des ordinateurs contenant un disque dur, la petite société française R2E, fondée en 1970, mettra au point le premier micro-ordinateur au monde en 1972 – suite à une commande de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) –, destiné à calculer sur le terrain l’évapotranspiration des sols. Conçu grâce à un microprocesseur américain Intel 8008 et doté du système de mémoire révolutionnaire MOS, le Micral N va faire évoluer le concept de l’ordinateur. Par son prix, bien inférieur à ceux des mini-ordinateurs américains (8 500 F à l’époque, soit 7 408,13 € actuels) mais aussi par sa taille réduite permettant une utilisation personnelle plus aisée. En tout 90 000 Micral ont été fabriqués et ont servi dans divers domaines tels que l’industrie, la gestion ou le milieu scientifique. En 1986, cette machine sera sacrée par un jury américain – comprenant notamment Steve Wozniak, collaborateur de Steve Jobs – «premier ordinateur commercial complet basé sur un microprocesseur», et ceci trois ans avant IBM et cinq ans avant Apple ! Son créateur, François Gernelle, poursuivra ses recherches et créera en 1977 le premier ordinateur portable, le Micral V, tenant dans une petite valise.

Retour à plus de classicisme avec une Vierge à l’Enfant en pierre calcaire, issue d’un travail de l’école champenoise du premier tiers du XVIe siècle. Une statue de grande taille, à la silhouette allongée et au visage ovale encadré de mèches ondulées caractéristiques de cette école (reproduite page 150). Originaux, les symboles de l’eucharistie, raisin et oiseau, et l’Immaculée conception, le croissant de lune, se retrouvent dans la célèbre Vierge aux raisins de l’église Saint-Urbain de Troyes. Cette référence fut sans doute notée par le comte de Reiset (1821-1905), diplomate, ministre, mais aussi grand collectionneur du XIXe siècle, qui installa cette oeuvre dans l’abbaye cistercienne restaurée du Breuil-Benoît, dans l’Eure. Également grand admirateur de Marie-Antoinette, Reiset avait en sa possession un rare pianoforte en acajou blond, fabriqué en 1788 par l’entreprise Erard Frères, qui aurait appartenu à la reine de France, conservé dans la descendance du comte et aujourd’hui présenté à la vente avec une estimation de 5 000/6 000 €.

NOBLES ET OFFICIERS


Les souvenirs historiques du siècle des Lumières seront encore nombreux au sommaire avec, par exemple, une paire de médaillons en marbre blanc d’un suiveur de Jacques-Nicolas Roëttiers, dit Roëttiers de la Tour (1736-1788), représentant des portraits de Louis XV et Louis XVI. Magistraux, de près d’un mètre de diamètre, il sont annoncés à 30 000/50 000 €. L’esprit encyclopédique sera présent au travers des quatre superbes volumes des Oiseaux de Buffon, ornés des illustrations de Martinet, que le maire de Tours Henri Jacques Marie Goüin (1758-1823) aurait eu en sa possession, attendus à 30 000/40 000 €. L’atmosphère festive de l’Ancien Régime sera quant à elle évoquée par un traîneau en bois sculpté, en forme de dragon, provenant de l’ancienne collection du château de Tronchiennes, en Belgique, ancienne propriété de la famille des marquis et prince de Mérode, illustrant les jeux sur neige et sur glace que pratiquaient la noblesse de cour et les membres de la famille royale sur les canaux du parc de Versailles. De même provenance, un album de dessins sur la « vie d’officier» (15000/16000 €) par le maréchal Boniface, comte de Castellane, entre 1813-1820 pourrait créer une surprise.

CAMILLE CLAUDEL OU RODIN ?

On glissera, à la fin de cette journée, vers la sculpture moderne. S’imposeront La Valse de Camille Claudel, une épreuve unique fondue au sable du vivant de l’artiste, vers 1900, puis offerte à M. Allioli (500 000/800 000 €, voir la Une de La Gazette n° 20 et encadré page 6), et un plâtre patiné d’Auguste Rodin daté vers 1886, Minotaure, version aux cornes courtes, estimé 80 000/120 000 €. Le programme du lundi 12 juin sera marqué par les arts asiatiques et la numismatique. 20 000/25 000 € devraient notamment être déboursés pour un vase chinois d’époque Wanli de forme suan tou ping («gousse d’ail»), à décor de dragons à cinq griffes à la recherche de la perle sacrée. Concluons avec l’un des fleurons de la numismatique française : le 8 louis d’or frappé «au balancier » par Jean Warin, à l’effigie de Louis XIII à la tête laurée. Estimée 70 000/80 000 €, cette pièce d’hommage, datée de 1640, fut réalisée par le graveur afin d’être présentée au roi en vue de l’adoption d’un nouveau système monétaire usant de cette récente technique de frappe… afin d’imposer un peu plus la puissance française.
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