La plus belle diagonale

Point de Vue, Gilone de Clermont Tonnerre

Les enchères pourraient bien s'envoler au château d'Artigny avec La, Valse, 1889-1905. Ce bronze de Camille Claudel (1864-1943) a été conçu alors que l'artiste cherchait à quitter Rodin, son maître et amant. Déchirée, elle voulait malgré tout s'émanciper de sa tutelle. À l'origine, les danseurs, totalement nus, dégageaient un érotisme choquant pour l'époque, interdisant la commande publique que souhaitait Camille. Elle a donc retravaillé son oeuvre et voilé la danseuse d'un superbe drapé qui amplifie le mouvement, une diagonale à la limite de l'équilibre. Même si elle a cédé ses droits à son marchand, Siot-Decauville, qui n'en a pas fait un succès, on sait que Camille Claudel a fait éditer des exemplaires illicites. Trois de ces fontes sont localisées : l'une destinée à son frère, Paul, l'écrivain, l'autre pour son protecteur (aujourd'hui au musée Rodin) et la troisième que l'on vient de découvrir, acquise par Joseph Allioli, entrepreneur décorateur. À la mort de celui-ci, sa famille enferme La Valse au fond d'un placard de sa maison à Béthisy-Saint-Pierre dans l'Oise, trouvant le groupe trop indécent. Il vient d'en ressortir cent ans plus tard pour être mis en vente.

Estimation autour de 500.000 €.
Rouillac, au château d'Artigny, le 11 juin