FR
EN

Coco Chanel ou cocote de la maison close ?

Samedi 14 novembre 2009

Voilà ce qu’on appelle un bas relief. Dans le domaine de la sculpture, ce terme correspond à un panneau dont la surface sculptée n’est pas lisse et présente un faible relief.

Voilà ce qu’on appelle un bas relief. Dans le domaine de la sculpture, ce terme correspond à un panneau dont la surface sculptée n’est pas lisse et présente un faible relief. Nous sommes entre les deux dimensions d’un tableau (hauteur et largeur) et la troisième dimension, découverte par la sculpture : la profondeur. Ce bas-relief n’est cependant pas original car il n’a pas été directement sculpté. Il s’agit d’un moulage. De forme ovale il a été probablement exécuté dans les années 1920-1930. Le moulage permet de produire en grande série, en plâtre, matériau très bon marché, à moindre coût, à partir d’un modèle créé par un artiste. Le notre n’a malheureusement pas signé son œuvre… ce qui nous amène à penser au travail d’un artisan d’entreprise répondant à une commande. Cet objet fragile est peint de couleur or patiné, sur fond noir.

Ce « tableau décoratif » s’inspire du style « Art Déco » en vogue à l’époque. Il nous rappelle Mistinguett dans « Ça c’est Paris ! » en 1927. Mais mieux, ou pire c’est selon - il a du être destiné à orner les intérieurs d’une maison close… en suggérant pudiquement ce qui s’y passe ! Une femme alanguie sur des coussins posés au sol, coiffée à « la garçonne », avec à la bouche un fume-cigarette porte une très courte robe plissée, dont la bretelle tombe négligemment sur son épaule… Ses jambes sont croisées langoureusement, alors que sa mule-pantoufle glisse déjà le long de son pied. À coté d’elle, un guéridon à pieds fuselés repose sur un tapis à motifs géométriques. C’est le retour pour le goût classique après l’horreur de la « Grande guerre », mais très teinté d’érotisme suggéré et latent. Après les années de privation, où l’indispensable et surtout le superflu ont manqué, la femme se pare, s’affirme, s’émancipe, se donne… La guerre passée, une élite citadine profite de chaque occasion pour sortir et s’amuser. C’est la découverte du Jazz, de toutes les nouveautés et excentricités dans l’air du temps : le triomphe de Coco Chanel.

Ces années restent d’ailleurs dans l’histoire comme celles des « Années folles »… avec leurs excès de lucre, de luxe et de débauche. Les maisons closes ont alors recours à une décoration imagée, sans équivoque et bon marché, avec des séries de gravures et de bas relief en plâtre. Celui ci avait déjà dû être acheté à l’époque, pour une somme modique. Les dimensions de ce bas relief ne nous sont pas précisées mais il faisait probablement partie d’une paire un deuxième bas relief représentant une autre femme… isolée ! Comptez à partir de 50 € pour ce panneau : prix raisonnable pour cette grande Cocotte ou demi-mondaine des Années Folles… à parfumer du n°5 de Coco Chanel !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :