FR
EN

Galéjade marseillaise pour un futur sénateur

Samedi 24 septembre 2011

Renée nous avait soumis une assiette décorée d’une scène humoristique signée "Terre de Fer, HB et Cie". Dans un salon à la mode de la fin du XIXème siècle, une jolie femme joue du piano. Un homme en frac l’interrompt : « Madame est Marseillaise ? ». « Sans doute M. le Préfet » lui répond-elle ». Celui-ci quitte son siège et déclare : « Alors permettez que je me lève…quand j’entends jouer la Marseillaise je l’écoute toujours debout ! »

Renée nous avait soumis une assiette décorée d’une scène humoristique signée "Terre de Fer, HB et Cie". Dans un salon à la mode de la fin du XIXème siècle, une jolie femme joue du piano. Un homme en frac l’interrompt : « Madame est Marseillaise ? ». « Sans doute M. le Préfet » lui répond-elle ». Celui-ci quitte son siège et déclare : « Alors permettez que je me lève…quand j’entends jouer la Marseillaise je l’écoute toujours debout ! »

La galanterie est au cœur du pouvoir sous la Troisième République. Épouses et courtisanes ont leurs entrées aussi bien au Sénat qu’à l’Élysée.Si M. le Préfet montre une galanterie empressée, il sacrifie avant tout au plaisir d’un bon mot : qu’on appelle à Marseille, «galéjade».

Cette assiette produite par la Manufacture de Choisy-le-Roi, dans la région parisienne, appartient à une série d’ « assiettes parlantes » intitulée « Galéjades Marseillaises ». Le dictionnaire nous apprend qu’une galéjade est en Provence la « façon exagérée et plaisante de raconter ou de peindre les choses. » Ce mot est emprunté à l’ancien Occitan « Galejado », qui veut dire se moquer. Le romancier Marcel Pagnol met en scène des personnages truculents, comme Marius ou César, qui manient la galéjade avec talent. De nos jours encore, les hommes politiques résistent rarement à la tentation de faire un bon mot. Le galant préfet de cette assiette a certainement fini sa carrière au Sénat. Gageons qu’en ce week-end électoral les différent(e)s candidat(e)s au fauteuil de Sénateur feront eux aussi quelques galéjades pour convaincre les derniers grands électeurs de voter pour eux.

Ces assiettes allaient généralement par douze. Leur production était bon marché. De forme circulaire elles sont de petite taille (moins de 20 centimètres) : idéales comme assiettes à dessert ou à fromage. Leur décor n’est pas peint à la main mais imprimé dans une seule couleur, ici une nuance de noir et de gris. Cette économie de moyen permettait de varier rapidement les sujets, pour toujours coller à l’esprit du moment : mois de l’année, vie de Jeanne d’Arc, chasses, fables, Histoire de France ou histoires drôles… Esseulée, notre assiette se négocie quelques euros dans un vide grenier. Si vous reconstituez la série complète, imaginez d’y servir une tarte-tatin lors de la rentrée parlementaire. Il ne reste plus qu’à passer à table et à souhaiter à notre nouvel(le) élu(e) de découvrir une galéjade… au creux de son assiette !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :