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Un casier à musique, sans CD

Samedi 17 septembre 2011

Fréderic Rousez de Vendôme, nous envoie les photos de ce meuble « qui a appartenu à ses grands parents qui habitaient à Paris dans le 6ème », Me Philippe Rouillac notre commissaire priseur s’est penché dessus.

Fréderic Rousez de Vendôme, nous envoie les photos de ce meuble « qui a appartenu à ses grands parents qui habitaient à Paris dans le 6ème », Me Philippe Rouillac notre commissaire priseur s’est penché dessus.

En bois naturel, vraisemblablement en noyer eu égard à la couleur chaude et gaie du bois, ce petit meuble de forme assez élégante a été réalisé voilà 100 ans, pour un salon. Communément appelé un casier à musique, il semble apparaître sous l’Empire. Dans la Bonne Société tant à Paris qu’en province, cette pièce de réception comportait un piano, généralement à queue où les demoiselles de la maison jouaient après le dîner, pour les invitées de leur mère, prenant un rafraîchissement, ou une tisane - pendant que les hommes dans la pièce d’à côté jouaient au billard, sirotant un vieil alcool en fumant le cigare…à chacun ses occupations ! Ah la théorie du Gender ! Balzac et Zola en littérature comme Visconti au cinéma y voyaient prétexte à délassement et intrigues… Notre meuble était à proximité du piano, pour y recueillir les partitions de musique. Reliées dans de grands ouvrages, ces livres de musique garnissaient les rayonnages verticaux, entre les 4 travées. Sur la tablette supérieure on disposait les partitions non reliées, volantes, ou les compositions musicales inédites. Enfin sur le plateau supérieur régnait le métronome, et à côté crayon et gomme pour toute précision à apporter sur les partitions, que ne manquaient pas d’apporter le professeur de piano.

Les plus beaux sont ornés de bronzes coulant sur les côtés, ou sont ornés de marqueterie de palissandre, voir de nacre. Le Musée d’Orsay à Paris présente dans ses collections un exemplaire signé de Le Lièvre célèbre décorateur-ébéniste sous Napoléon III en bois laqué noir avec des dragons rugissant en bronzes dorés…de quoi effrayer les jeunes filles, mais qui marquait le standing de la Maison.

Notre exemplaire est plus sobre, le bois est mouluré non sculpté, le piètement est assez sinueux, galbé se terminant par des pieds dit de biche mais sans ornementation particulière. Seule la traverse sous le dernier registre est découpée à la scie mécanique, comme la prise de main dans la partie supérieure, ornementale et fonctionnelle pour le déplacement du meuble, à défaut de roulettes au bout des pieds. Le décor est simplement pyrogravé c'est-à-dire avec une pointe rougie au feu, le menuisier a gravé dans le bois, y a inciser sans grande habileté ici branchages et fleurettes. Le dessin est assez malhabile et s’inspire des créations végétales de l’Art Nouveau, sans maîtrise du geste et de l’inspiration féconde des créations du début du XXème siècle. Ce petit meuble est encore assez pratique au début du XXIème siècle. Mais attention meuble d’appoint léger, pas de bibelots fragiles, il est assez instable ! Il peut encore servir d’étagères de rangement, et est abondant sur le marché. Quant au prix, où on peut se le procurer pour 100-120 euros. Son « successeur » sera le casier à disques, meuble à rayons superposés avec de faibles intervalles servant à ranger les disques, puis de nos jours l’étroite étagère à CD…autre temps, autres meubles, mais pour « adoucir les mœurs », toujours de la Musique !
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