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Tout ce qui brille...n'est pas or !

Samedi 02 juillet 2011

Cette semaine, une lectrice nous adresse la photo d’une jolie médaille « en or, signée Contaux », reçue de sa grand-mère. Il s’agit d’une médaille dite « de table », contrairement aux décorations portées sur la poitrine, dites « pendantes ». À l’avers - côté « face » - figure le portrait en relief d’une femme en buste, de profil, en robe à décolleté, et portant des bijoux tels qu’ornements de coiffure et boucles d’oreilles. La légende figurant sur le pourtour la désigne : « Maria Leczinska Regina ».

Cette semaine, une lectrice nous adresse la photo d’une jolie médaille « en or, signée Contaux », reçue de sa grand-mère. Il s’agit d’une médaille dite « de table », contrairement aux décorations portées sur la poitrine, dites « pendantes ». À l’avers - côté « face » - figure le portrait en relief d’une femme en buste, de profil, en robe à décolleté, et portant des bijoux tels qu’ornements de coiffure et boucles d’oreilles. La légende figurant sur le pourtour la désigne : « Maria Leczinska Regina ».

Marie Catherine Sophie Félicité Leczinska, née en 1703, est la fille de l’ex-roi de Pologne Stanislas Leczinski. Le règne de celui-ci est cependant éphémère et ne dure que vingt-quatre heures… L’histoire de la Pologne est alors tourmentée, et Stanislas doit partir en exil avec sa famille. Leur salut tient au mariage, alors controversé, de la princesse avec le jeune roi Louis XV, en 1725. Il a quinze ans ; elle en a vingt-deux. Louis XV est pourtant déjà fiancé, mais sa promise n’est pas en âge de procréer. La santé du jeune roi étant fragile, on espère ainsi que Marie porte rapidement dans son sein l’héritier du trône de France… Elle lui en donnera dix !

Le revers de la médaille porte des armoiries « d’alliance », réunissant deux blasons, celui de l’époux à gauche et celui de sa femme à droite. Ces armoiries sont entourées de palmes et coiffées de la couronne royale fermée, surmontée de la fleur de lys. On reconnaît à gauche le blason de France, aux trois fleurs de lys, et à droite celui de la famille Leczinski, avec notamment des aigles.

Les médailles, objets raffinés à exposer dans des cabinets, n’ont pas de valeur libératoire, c’est-à-dire c’est-à-dire qu’elles ne sont pas valables pour un échange monétaire. Si les pièces de monnaie remontent à la plus haute Antiquité, les médailles n’apparaissent qu’à l’époque de la Renaissance, d’abord en Italie puis dans le reste de l’Europe. Elles figurent souvent le profil d’un roi, d’une reine ou de tout autre personnage important, et ont une valeur commémorative. Celle que nous observons aurait ainsi pu être réalisée à l’occasion du mariage de Marie Leczinska, lorsqu’elle devient reine de France en 1725. Toutefois, plusieurs éléments semblent indiquer une production postérieure. Tout d’abord, l’inscription portée sur l’avers est simplifiée au regard des médailles du XVIIIème siècle. Généralement, la légende énonce les nombreux titres de la personne représentée, avec des abréviations. Le profil de la reine est idéalisé, et ne ressemble pas à celui que l’on observe sur les exemplaires du XVIIIème siècle, comme celui conservé au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale de France et réalisé par Duvivier. La coiffure, avec un collier de perles retenant les cheveux et assorti à la boucle d’oreille rappelle plutôt la mode du milieu du XVIIème siècle. Enfin, les palmes gravées au revers semblent bien maladroites, et n’ont ni la souplesse ni l’abondance de détails des modèles originaux.

En ce qui concerne le graveur, un certain Georges Contaud, sociétaire des Artistes Français, mention honorable en 1921, est mentionné symboliquement dans le dictionnaire de Bénézit, recensant les peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs. Celui-ci exerce son métier au début du XXème siècle. Cependant, le style de ses réalisations ne correspond pas à notre médaille. S’agit-il d’une création à part dans sa production, ou s’agit-il d’un autre graveur, homonyme de celui-ci ? Ce point est également difficile à déterminer, dès lors que l’on ne peut déchiffrer la signature habituellement gravée sous le buste, en bordure. L’étude et l’estimation de cette médaille d’après une photo floue doit donc se faire avec la plus grande prudence. Il faudrait également connaître ses dimensions et son poids précisément, ce qui permettrait de les comparer avec les références indiquées sur les catalogues de numismatique.

La médaille a la couleur de l’or, mais il pourrait également s’agir de vermeil, c’est-à-dire d’argent doré, et plus vraisemblablement de bronze doré, eu égard au peu de notoriété de l’artiste… De plus, une médaille frappée au XIXème siècle porte obligatoirement un poinçon, ou l’identification de sa matière en toutes lettres : or, argent... Sa valeur, dès lors qu’il ne s’agit pas d’une pièce du XVIIIème siècle, dépendra pour beaucoup de son matériau. S’il s’agit d’or, comptez environ 500 €, s’il s’agit de vermeil, dix fois moins, s’il s’agit de bronze, vingt fois moins ! D’or ou d’airain, c’est tout ou rien…
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