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UN PICASSO ÉROTIQUE

Samedi 25 mars 2017

Cette semaine, Laurent souhaite connaître l’histoire et l’estimation d’une “ aquatinte ” de Picasso retrouvée dans les archives familiales.



Picasso (1881-1973) est un nom magique du XXe siècle. Cet artiste génial laisse derrière lui une œuvre gigantesque de près de 120.000 pièces. Dessinateur, peintre, sculpteur, céramiste, tapissier ou encore graveur, ce « touche à tout » révolutionne l’art moderne en renouvelant sans cesse son vocabulaire esthétique. Il fonde notamment le cubisme et peint les célèbres "Demoiselles d’Avignon", qui sont en réalité des femmes de petite vertu. Mais il sera aussi le peintre de "Guernica" dénonçant un bombardement allemand contre des civils pendant la guerre d'Espagne.

L'œuvre de Pablo Picasso connaît différentes périodes, chacune associée à ses conquêtes amoureuses. Dans les années 1960, âgé de plus de 80 ans, sa muse s'appelle Jacqueline. Il cherche alors à se confronter aux grands maîtres du passé, à retrouver ses racines ibériques tout en reprenant ses travaux précédents. L'œuvre de Laurent est datée du 9 juin 1968. Elle appartient à une série de 347 gravures réalisée entre le 16 mars et le 5 octobre de cette même année. Chaque gravure est éditée à 50 exemplaires. L'œuvre de Laurent ne serait donc pas unique, mais une des 50 parmi les 347 réalisées en 6 mois par Picasso. Il semblerait que du vivant de l'artiste la commercialisation de cette seule série lui ait rapporté la somme folle de 10 millions de dollars ! Pas mal en plein "mai 68"...
Cette gravure est une "aquatinte". C'est un procédé d'impression qui consiste à mordre à l’acide une plaque de métal sur laquelle a été déposée préalablement une couche de poudre utilisée par l'artiste pour réaliser sa composition. Une fois encrée, la plaque est mise en presse, ce qui laisse apparaitre une légère trace en creux qu'on voit bien sur la feuille de Laurent : "la cuvette".

Cette aquatinte est titrée "La Célestine". Un tiers des gravures de la série des 347 reprend ce personnage. Picasso a déjà peint "Célestine" dans sa jeunesse, en 1904. Il réalise alors un portrait en camaïeu de bleu de la tenancière d’une maison close qu'il fréquente à Barcelone. Vous pouvez découvrir ce tableau au musée Picasso à Paris. En 1968, Picasso traite cette femme d’une manière radicalement différente. Ce n’est plus un portrait mais une scène de rapt érotique, tel qu’on peut la voir dans les représentations par les maîtres flamands et italiens. On pense aux enlèvements par Zeus d’Europe, sous la forme d'un taureau, ou de Ganymède, sous la forme d'un aigle. Picasso confie à l'imprimeur qui l'aide dans cette tâche qu'il veut reproduire « tous les aspects de la sexualité pour les plus de 65 ans ».
La série 347 en général, et "La Célestine" en particulier rendent compte de la maturité de l’œuvre de Picasso. De lui-même l’artiste conclue que ce travail est de toute son œuvre « le plus convoité et probablement le plus scandaleux ». C'est une belle découverte que vous faites cher Laurent, puisque vous pouvez compter entre 1.000 et 3.000 euros suivant son format et si elle est originale et contre-signée par l'artiste. Si c'est une reproduction posthume que seul un examen physique permettrait d'apprécier, votre belle Célestine se négocierait un peu plus de 100 € !
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