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Un centre de table en verre de Venise

Samedi 11 juin 2011

Claudette à Vierzon se pose la question de l’utilité d’un centre de table : « Je possède ce vase, sans précisément en connaître l'utilité, l'origine et sa valeur. Je pense qu'il s'agit de verre soufflé, puisque l'on peut voir comme des bulles d'air. Servait-il à mettre des pétales de fleurs ? Est-il en verre de Venise ? » Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, rappelle l’histoire des verres de Venise.

Claudette à Vierzon se pose la question de l’utilité d’un centre de table : « Je possède ce vase, sans précisément en connaître l'utilité, l'origine et sa valeur. Je pense qu'il s'agit de verre soufflé, puisque l'on peut voir comme des bulles d'air. Servait-il à mettre des pétales de fleurs ? Est-il en verre de Venise ? » Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, rappelle l’histoire des verres de Venise.

Le comte de Vendôme, Geoffroy Martel rapporte de croisade à Constantinople la relique de la Sainte-Larme, pour laquelle il fait ériger l’abbatiale de la Trinité. Les Vénitiens, eux, rentrent d’Orient avec les maîtres verriers du Basileus, l’empereur byzantin. La production de verre s’obtient en portant à 1500° Celsius un oxyde de silicium et un fondant, en général du sable. Rapidement, les habitants de Venise se méfient de la dangerosité des fours des maîtres verriers byzantins. Ils sont donc « exilés » à la fin du XIIIème siècle sur l’île de Murano, en face de la cité Sérénissime.

Toutes les têtes couronnées d’Europe se pressent alors sur cette petite île pour y commander des services de table prestigieux. Les maitres verriers de Murano vivent comme des seigneurs, mais ont l’interdiction de quitter la ville. Le roi Louis XIV débauche à prix d’or quelque maîtres verriers pour construire la fameuse galerie des glaces à Versailles. Les Doges de Venise envoient alors des espions assassiner les traitres, et conserver sur l’île leur secret du verre ! Trop tard, des verreries essaiment à travers l’Europe. Quelques siècles plus tard les cristaux de Saint-Louis et de Baccarat ont supplanté en qualité le travail vénitien.

Ce surtout de table s’inspire du travail de Murano. Son col haut et élancé permet de disposer une grande et belle tige. Une rose par exemple ? La vasque dont les bords s’épanouissent comme une corolle de fleur accueillera des pétales, mais aussi des fleurs coupées ou pourquoi pas des petites bougies flottantes qui animeront votre table. Ce centre de table est soufflé à la bouche à travers une canne, puis travaillé à la pince quand le verre est toujours chaud. Les filets de couleur rouge et blanche le long du col sont ajoutés dans le verre transparent lors du soufflage. Ils montrent la grande habileté du maître verrier.

Cet objet d’art a pu être produit sur l’île de Murano au XIXème ou au XXème siècle. Mais attention, il existe maintenant des ateliers en Chine fabricant à la chaine des objets dans le goût de Venise. Leur qualité, leur condition de création et leur provenance ne doivent pas être confondues avec l’excellence vénitienne. En tout état de cause, ce joli vase trouvera amateur à quelque dizaines d’euros en vente aux enchères. Beaucoup moins que si vous l’achetiez sur la lagune de Venise et à peine plus qu’une copie bon marché dans une grande surface sans histoire !
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