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Pièce de cuivre, séjour en tôle... !

Samedi 11 février 2017

Cette semaine, Marie-Claire nous écrit de Bretagne. Elle requiert les lumières de Me Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, dans le but d’identifier « une pièce ou médaille » antique.



C’est toujours une joie que de trouver une simple pièce d’un euro au sol, alors une pièce antique ! Eh bien c’est l’expérience qu’a vécu notre lectrice alors qu’elle visitait le fabuleux site antique de Pergé, en Asie Mineure. Elle raconte : « Nous visitions Pergé après un orage. J’ai aperçu au sol ce que je pensais être une capsule de bière. C’était en réalité cette pièce antique ! ». Une histoire a priori sympathique mais qui aurait pu très, très mal tourner...

Si lors du voyage retour les douanes turques avaient trouvé cette pièce dans les bagages de Marie-Claire, cette dernière aurait été arrêtée pour « trafic d'antiquités ». Un délit passible de 10 ans de prison. Prison qu’elle aurait rejoint séance tenante car elle était « en état de fuite à l'étranger »...

Les autorités turques ne plaisantent pas avec ça, et les cas de touristes qui prolongent leurs vacances derrière les barreaux sont nombreux. D’autant plus que la notion d’antiquités englobe un spectre très large d’objets : pierres, monnaies, fossiles et bien évidemment objets manufacturés. Un seul conseil : abstenez-vous ! Et ce, tant en France qu’à l’étranger. Les objets trouvés sur un site archéologique doivent être signalés. Ils peuvent être d’une aide cruciale pour l’étude et la datation des vestiges.

Marie-Claire était de bonne foi mais elle a pris, sans s’en douter, des risques colossaux.Le jeu en valait-il au moins la chandelle me demanderez-vous ?

La numismatiqueest un domaine scientifique très complexe réservé à des professionnels patentés, pas de simples amateurs collectionneurs. Les premières pièces de monnaie apparaissent au début du VIIe siècleav. J.-C. Depuis cette date, et jusqu’à aujourd’hui, les faussaires s’en sont donnés à cœur joie ! Seul un œil exercé peut reconnaître d’emblée un faux. De par son histoire,cette monnaie inspire confiance. Malheureusement, on voit paraître la couleur rouge du cuivre sous la patine vert-de-gris. Marie-Claire, j’espère que vous ne l’avez pas nettoyée ! Ce serait un sacrilège repoussant tout collectionneur. Une belle patine d’origine conditionne une grande partie de la valeur.

Bien, admettons qu’elle soit antique. Reste maintenant à l’identifier. Le verso figure un homme assis actionnant une presse à deux bras. Au recto, nous laissons libre cours à votre imagination... Pour cette pièce nous avons fait appel une experte numismate renommée, Madame Berthelot-Vinchon. Voici sa réponse : « Je ne trouve rien » ! Le mystère continuera donc de planer ! Une mise à prix symbolique de 10 € peut être tentée.

Quoi qu’il en soit, la patine n’est pas très belle, le modèle n’est pas exceptionnel, bien que vraisemblablement rare. Sachez que d’une manière générale, à état comparable, une monnaie d’or vaut plus qu’une monnaie d’argent qui vaut plus qu’une monnaie de bronze ou de cuivre. Sans avis de l’experte, nous ne nous risquerons donc pas à estimer cette pièce mais nous pouvons cependant vous assurer qu’elle ne méritait pas 10 ans de prison ! Cet article nous donne l’occasion de dénoncer le trafic d’œuvres d’art par l’Etat islamique.Vous avez tous vu ces vidéos de destruction de sites archéologiques, tel Palmyre, ou encore de saccage de musées sous prétexte de détruire des idoles. Dites-vous bien que Daeschne détruit que ce qui n’a pas de valeur ou qui ne peut pas être transporté. Les pièces de valeur sont vendues au marché noir pour financer le terrorisme. Rappelons qu’à la fin du XVIIIe, les révolutionnaires français ont eux aussi en partie financé leur entreprise grâce aux gains des ventes des biens de la Couronne.
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