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Gloire militaire suisse !

Samedi 28 janvier 2017

À l’heure où certains d’entre vous préparent leurs vacances au ski, Claude, de Romorantin, permet à Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur de vous emmener en Suisse.



Claude a chiné cet objet il y a maintenant 10 ans sur une brocante helvète. A première vue c’est un vitrail. Mais que nenni ! Notre lecteur précise qu’il s’agit en réalité d’une lithographie polychrome dans un encadrement argenté. Tout est donc en papier gaufré, comme pour les belles boîtes de chocolat ! Et ce dans le but d’imiter le vitrail et les émaux. Il figure un personnage que Claude identifie comme un chevalier. Il s’agit en réalité d’un mercenaire. Du XIIIe au milieu du XIXe siècle, la Suisse loue ses soldats aux puissances étrangères. L’apogée de cette pratique se situe durant les guerres d’Italie.Vous connaissez tous la plus célèbre bataille de ces guerres : Marignan,en 1515 ! Le devoir militaire est ancré dans les mœurs pour continuer à défendre une liberté rudement acquise. La société suisse a outre le goût des armes, et de la violence.

Les nombreuses victoires dues aux mercenaires helvètes leur confèrent une réputation redoutable. On raconte que certaines armées se débinent rien qu’en apprenant que la bataille se fera contre des Suisses ! La cavalerie ne peut rien contre les piqueurs armés d’une pique atteignant parfois 6 m ! L’art de la guerre est également bousculé d’un point de vue tactique mais aussi de l’armement et de l’équipement (armures, casques et harnais).

Les guerriers les plus redoutés du monde adoptent également une mode vestimentaire particulière. Regardez l’accoutrement bariolé du soldat sur l’œuvre de Claude : chapeau à plumes, cape, culotte bouffante et cuirasse, le tout de couleurs vives. Il semble plutôt prêt à faire la cour à une belle qu’à aller combattre. Et pourtant ! Les mercenaires considéraient qu’ils devaient être à l’aise dans leurs vêtements et que ces derniers, par leur extravagance, devaient être vus de loin, pour attirer le plus possible les ennemis, et donc la gloire ! Il est ici vêtu à la mode des champs de bataille du XVIe siècle. Armé d’une épée et d’une arquebuse, c’est un officier.

La Suisse fournit des régiments permanentsà la Couronne de France de la fin du XVe siècle à la Révolution durant laquelle des centaines seront massacré. Le Pape est quant à lui toujours protégé par une garde suisse, et ce depuis 1505 ! La neutralité de la Suisse est consacrée par le congrès de Vienne en 1815. Depuis cette date, la Confédération ne prend plus part à aucun conflit, mais la gloire militaire passée est toujours bien présente !

L’œuvre de Claude est purement décorative. Faisait-elle partie d’un ensemble, avec d’autres soldats ? De style gothico-renaissant, elle est née en Suisse à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. Mesurant 22 cm de haut par 12,5 cm elle est munie de deux crochets permettant de la suspendre. Elle présente, malgré des usures, un certain intérêt esthétique. Faible intérêt par rapport à la glorieuse – bien que sanglante - histoire que nous permet de raconter ce mercenaire ! Pour cet objet singulier, comptez entre 20 et 30 € en brocante.
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