FR
EN

Comme les rois mages...

Samedi 07 janvier 2017

Cette semaine, Sofiane fait parvenir la photographie d’une pelle à tarte à Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, afin d’en connaître la valeur.



Hier, nous fêtions l’Épiphanie, qui signifie « manifestation » (du Christ sur Terre). Depuis le XIXe siècle, ce jour est également appelé Fête des Rois car il marque l’arrivée des Rois Mages devant la Crèche, qui, guidés par une étoile, peuvent enfin, après un rude voyage, visiter et adorer l'Enfant Jésus. Depuis le Moyen-Âge, il est de coutume « de tirer les rois » à cette occasion par le biais d’un gâteau dans lequel est cachée une fève. Celui qui la trouve devient Roi, ou Reine, le temps d’une journée. Je parie que vous êtes nombreux à vous régaler de galettes à la frangipane encore plusieurs jours après l’Épiphanie.

Et c’est là que la pelle à tarte de Sofiane devient cruciale ! Sans cette pièce de service, vous risquez de briser la part de la galette et trahir ainsi son secret… Mais avec sa forme triangulaire, aucune chance de commettre une telle bévue ! On peut supposer que la pelle à tarte existe depuis… l’apparition des tartes ! En bois, métal (vil ouprécieux), os, voire même plastique et inox de nos jours, elles se déclinent en tous les matériaux. Seule leur forme varie peu. Celle de notre lecteur est très probablement en argent. Présentée dans son écrin d’origine, elle est ornée d’un fin décor naturaliste. Elle est l’œuvre d’un orfèvre qui l’a produite vers1900. Comme tout objet en métal précieux, difficile de l’estimer fidèlement sans en connaître le poids. Si elle est en argent massif, elle se négociera entre 50 et 80 €. En métal argenté, comptez une dizaine d’euros.

Cette pelle à tarte est donc né à une époque où, tenez-vous bien, la galette des rois était… gracieusement offerte par les boulangers et pâtissiers ! Cette tradition, qui vois le jour au XVIIe siècle, sera abolie par une fronde des boulangers dans les années 1910. Mais fin de gratuité ne signifie pas mort de ce gâteau dont la première mention apparaît dans une charte de 1311. Les rois eux-mêmes s’en réjouissaient, et Louis XIV le premier. On ne sait en revanche pas l’attitude qu’il adoptait s’il avait la fève… ! Elle a par contre bien failli disparaître en 1711 à cause d’une grande famine.Le Parlement la proscrit afin de réserver la farine trop rare pour la seule confection du pain. Sous la Révolution, un enragé monte à la tribune de la Convention afin de prononcer un discours pour interdire purement et simplement ce gâteau trop empreint de religiosité. Il n’obtient pas gain de cause mais, peu de temps après, la Commune remplace le jour des Rois par le jour… des sans-culottes ! Galettes et Rois Mages reviennent enchanter les foyers français une fois la folie révolutionnaire calmée. Terminons par cette savoureuse anecdote qui se déroule en 1521, à Romorantin. François Ier s’y trouve le jour de l’Épiphanie. Apprenant que le comte de Saint-Pol s’était déclaré Roi après avoir eu la fève, François, toujours amateur de farces et d’amusements, décide d’attaquer le château du « traître » avec des camarades. Ils canonnent ainsi sans relâche les fenêtres de la bâtisse avec des boules de neige. La bataille bat son plein lorsqu’un invité du comte jette une buche enflammée qui vient s’écraser sur la tête du Roi ! Afin de le soigner, les médecins lui coupent court les cheveux. De son côté, François Ier décide de laisser pousser sa barbe pour cacher de vilaines brûlures. Il sera bientôt imité par ses courtisans, puis par l’ensemble des cours d’Europe ! Voici un sacré effet boule de neige !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :