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Joyeux Noël chocolaté !

Samedi 24 décembre 2016

Cette semaine ce fut Noël avant l’heure pour Fabrice, qui a retrouvé un trésor dans le grenier de sa grand-mère : une tablette de chocolat Poulain, oubliée là depuis bienlongtemps. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, nous en dit plus.



La période de Noël est un moment privilégié pour déguster (voir dévorer !) les plus fins chocolats. Dites-vous bien que c’est grâce à Auguste Poulain que nous devons le plaisir renouvelé de croquer du chocolat tout au long de l’année. Il fonde la marque éponyme en 1848 et crée le premier chocolat de dégustation, juste pour le plaisir. En effet, à cette époque, le cacao est largement considéré comme un produit… médicamenteux ! Les médecins recommandent aux personnes de mauvaise constitution de prendre de cette « boisson hygiénique » vendue sous la forme de boudins à cuire. Essayez d’offrir, pour Noël, des « chocolats pectoraux à l'osmazone », du « chocolat purgatif à la magnésie », et pourquoi pas un boudin de chocolat « à la poudre de bœuf frais ». Vous allez être bien reçus !

Enfant, Poulain a connu la privation et la frugalité dans sa famille. Lorsqu’il décide de s’installer à Blois comme confiseur, il a une idée en tête : que le chocolat soit accessible à toutes les têtes blondes. Pource faire, une solution : industrialiser la production afin d’en réduire les coûts, et donc le prix de vente. Et ça marche ! 30 ouvriers travaillent à l’usine Poulain en 1870. 40 ans plus tard, ils seront 700. Ce chocolat blésois est exporté dans le monde entier. Et la publicité géniale, principalement destinée à séduire les enfants, lui donne une aura et une valeur affective exceptionnelles. Vous souvenez-vous des images que vous collectionniez avec tant d’ardeur ? Rien que pour l’année 1900, la chocolaterie en imprime 127.750.000 !!!

Cet affect passe aussi par le symbole de la marque : l epetit poulain orange s’enfuyant avec une tablette dans la bouche. Il apparaît en1911 sur une affiche réalisée par l’illustrateur Leonetto Cappiello. Cette dernière précise : « Exigez le chocolat Poulain - [papier] orange /C’est le meilleur / Goûtez et comparer » et, plus bas : « Toutes les tablettes du Poulain-Orange doivent porter la reproduction du petit poulain et les mots poulain-orange ». C’est bien le cas de l’emballage de la tablette de Fabrice. Vous aurez noté la présence du caducée, vestige du passé pharmaceutique du chocolat. Notre lecteur date cette tablette des années1911-1920, et il a raison. Le papier est déchiré à certains endroits mais son état est correct. Et quelle merveille à l’intérieur ! Bon, le chocolatn’est pas du vin et ne s’est certainement pas bonifié pendant ces 100 dernières années… Ne tentez pas de le croquez mais pourquoi pas le faire bouillir avant de le déguster dans une tasse ancienne ?! Le trésor réside dans les émotions et les souvenirs que recèle un tel objet mais aussi dans l’histoire qu’il porte. L’histoire d’une industrie qui fait le glorieux passé de Blois et qui en fait toujours la fierté. Comptez tout de même une dizaine d’euros d’estimation, selon le poids.

Joyeux Noël, sans crise de foie !
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