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Sus aux toiles du danseur étoile

Mercredi 22 février 2017

La Nouvelle République, Alain Vildart

Lagrue met la dernière main à un tableau portant une sorte d'Atlas croulant sous le poids des « couleurs ».
Jeudi à l’Hôtel des ventes de Vendôme sont mises aux enchères 26 toiles de Jean-Pierre Lagrue-Spenner, né sur la butte Montmartre à Paris et habitant aujourd’hui Onzain.

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Que ce soit l'agonie de son clown entouré d'anges aux ailes et aux larmes volantes sous l'œil pensif d'une femme à barbe, que ce soit ses personnages quasiment martiens, d'une gaieté effrayante, cramponnés à leurs juke-box sur des plages d'où la mer est absente, que ce soit ses paysages lunaires… Mais qui s'intéresse avec cette sensibilité aux toiles de Lagrue ? Françoise Sagan !

Le vieil animal de 77 ans, à la fois sage et fantasque, ne vit pas dans le luxe loin s'en faut, mais dit avoir réussi sa vie. « Je n'ai qu'une conviction, on doit faire ce qu'on aime. La célébrité, on s'en fout ! »

Alors qu'il se serait bien vu patineur, le voilà à dix ans accroché aux barres des salles de danse, jusqu'à ce qu'il devienne dès 15 ans un artiste accompli. « J'ai été engagé dès cet âge car j'étais grand ! » Peut-être, mais être grand ne suffisait pas pour danser chez Janine Charat et Roland Petit, avoir comme partenaire Ludmilla Tcherina, Lisette D'Arsonval, Liane Daydé, Zizi Jeanmaire, Josephine Baker, un cortège de rêves… Ni être salué par Serge Lifar, danser dans un ballet de Renoir, chez Mireille ou Jean-Christophe Averty dont les émissions renversantes ravissaient ou scandalisaient la télé : « On dansait 8 h par jour dans des mini-carrés pour faire des petits bonshommes avec Annie Cordy, Patachou ou Sheila ! ».

Mais parallèlement, Jean-Pierre étudie les beaux-arts avec le même appétit d'ogre dans les ateliers de Raymond Legueult et du sculpteur Yencesse. Appréciant tous les artistes – avec une mention spéciale pour Van Gogh et Modigliani – Jean-Pierre peint, peint, peint « de la peinture honnête ». Honnête, terriblement fantaisiste, et variée : fleurs – le seul à immortaliser les pissenlits – marines, quartiers de Paris qu'il connaît comme sa poche, des Sainte Rita à foison courant les causes perdues… Il résume aisément sa philosophie d'homme et d'artiste : « Il faut juste avoir un peu de ronds pour vivre, le principal sera toujours d'aimer quelque chose, être modeste devant la vie qui est un enfer. C'est ridicule de se croire plus que ce qu'on est, mais aussi de se croire moins ! »

C'est bien le portrait de celui qui conseille simplement : « D'abord, aimer les autres, ensuite, faire de son mieux. »

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pratique

Depuis lundi, les commissaires priseurs Philippe et Aymeric Rouillac ont débuté une vente marathon peuplée de peintures et gravures anciennes ou contemporaines. L'une d'elle est partie pour 36.000 €. Exposées demain jeudi de 9 h à 12 h, seront mises aux enchères dès 14 h les toiles provenant de plusieurs ateliers russes ou français : Kissling-Pelati, Rij Rousseau (vibrionniste cubiste amie de Juan Gris, Léger…), Pastoukoff, Martin-Roch (Raphaël, Giotto), Kocheishvili et bien sûr notre Lagrue !

Tél. 02.54.80.24.24. www.rouillac.com

Alain Vildart
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