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LA MAISON ROUILLAC PREND LA CRISE DE HAUT

Lundi 16 janvier 2017

La Nouvelle République, Jean-Louis Boissoneau


La vente « garden-party » d'Artigny en juin dernier a vu partir, pour 719.000 €, un plan de New York daté de 1781, utilisé par Rochambeau et Washington lors de la guerre d'indépendance.

La saison 2016 de l’étude vendômoise (et aussi tourangelle) a encore atteint des sommets : le fruit d’une stratégie orientée depuis toujours vers la qualité.

Avec un chiffre d'affaires de 5,8 millions d'euros pour son exercice 2016, la maison de ventes Rouillac a enregistré une progression de 15 % par rapport à l'année précédente. « C'est notre second meilleur résultat depuis le passage à l'euro, après le record absolu atteint en 2013 avec le coffre de Mazarin. Crise ou pas, les Américains restent d'excellents clients, qui ont déboursé notamment 719.000 € pour un plan de New York datant de 1781 » constate son fondateur Philippe, qui opère désormais en tandem avec son fils Aymeric, installé à Tours.

Le commissaire-priseur indépendant le plus connu sur le marché de l'art et des curiosités n'a jamais dévié de sa ligne de conduite, définie dès son installation à Vendôme en 1983 : « J'avais repris une étude qui vivotait avec l'idée de la positionner sur le haut de gamme. Vendre les camions d'entreprises en faillite ne m'intéressait pas ». Avec les conseils avisés de son épouse Christine, elle-même issue d'une famille de commissaires-priseurs, et la perspective de voir la ville bientôt desservie par le TGV, il a tout misé sur la résonance distinguée du nom de Vendôme et le potentiel patrimonial du Val de Loire où, entre Loir-et-Cher et Indre-et-Loire, on recense pas moins de 700 châteaux et belles demeures, débordant de tapisseries, meubles de style, vaisselle précieuse, livres anciens, tableaux de maîtres et collections insolites !

Connaissances partagées

Pénétrer ce milieu bourgeois ou aristocratique a été affaire de diplomatie, une compétence dont Philippe Rouillac ne manquait pas, lui qui se destinait à un poste de consul en Chine. Mais il a su aussi innover dans sa pratique professionnelle, valorisant en particulier les pièces notables de son catalogue en les replaçant dans le cadre prestigieux de Cheverny, puis d'Artigny. Et poussant très loin pour chacune d'elles les recherches documentaires capables de leur donner vie. « Il ne suffit pas qu'un objet soit beau ou rare : il faut encore qu'il ait quelque chose à raconter, qu'il soit associé à des événements, des personnages ou des lieux de nature à faire rêver. C'est ainsi que l'on attire, au-delà des clients habituels, musées, négociants ou collectionneurs, de nouvelles catégories d'acheteurs qui font parfois monter les enchères jusqu'à des sommets imprévisibles ! »

L'université d'Histoire de l'art de Tours participe à ces travaux au travers d'un partenariat fructueux. Elle a retrouvé récemment la trace d'une aiguière en aluminium livrée à l'Impératrice aux Tuileries en 1856. Et parce que la passion ne se limite pas à un cercle d'initiés, les Rouillac s'attachent à partager leurs connaissances avec le grand public au travers de conférences, chroniques de presse ou plus récemment, émissions télévisées telles que « la Quotidienne » sur France 5 au cours de laquelle Aymeric raconte l'histoire des objets qui lui sont confiés. Des objets inanimés qui n'ont pas seulement une cote, mais une âme. Et çà, on le savait déjà !

Jean-Louis Boissonneau
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