FR
EN

FOCUS : CHÂTEAU D’ARTIGNY, ACTE DEUX

Vendredi 24 juin 2016

La Gazette Drouot, Philippe Dufour

C’est encore à Artigny, avec l’étude Rouillac OVV, qu’un ensemble historique était livré à l’appétit des collectionneurs, américains pour la plupart,car il s’agissait surtout de plans manuscrits des batailles de Rochambeau et Washington. S’en détachait une carte levée à la main représentant New York, enlevée à 720 000 €,tandis qu’une autre de la baie de Chesapeake s’élevait jusqu’à 210.000 €.Signalons dans la même vente, les prix accordés aux tirages de Gustave Le Gray,qui n’en finit pas d’enthousiasmer les collectionneurs avec, par exemple, le Ciel chargé. Mer Méditerranée n° 16, printemps 1857, adjugé à 70 000 €.



États-Unis, Plan de New Yorket de ses environs, 1781. Positiondu camp de l’armée combinée à Philipsburg du 6 juillet au 19 août 1781, plume et encre avec rehauts d’aquarelle, carte manuscriteen 14 sections montées sur toile et pliées, 48 x 103 cm. Adjugé : 720 000 €


Pour la deuxième partie de la vente «garden party» organisée au château d’Artigny par Rouillac OVV, le rideau se levait sur un ensemble de cartes relatant les épisodes capitaux de la guerre d’Indépendance des États-Unis. Il faut rappeler que ces plans manuscrits et cartes imprimées aliénables provenaient des collections des descendants de Jean-Baptiste de Vimeur, comte de Rochambeau. Né en 1725 à Vendôme, ce grand militaire s’est illustré lors de la guerre d’Indépendance, contre la domination britannique, qui adonné lieu à la naissance des États-Unis d’Amérique. Après le traité d’alliance de février 1778 entre la toute jeune confédération et la France, un corps expéditionnaire avait été envoyé en juillet 1780 par Versailles.Choisi par Louis XVI pour commander ce bataillon de soutien aux Américains en lutte, Rochambeau brille par ses talents de stratège et s’illustre surtout à la bataille de Yorktown en octobre 1781.

PLANS D’ATTAQUE
Nos six plans présentés lors de la vente ont été dressés sur place par des ingénieurs franco-américains, sur les ordres deRochambeau et Washington. De véritables documents de travail, donc, qui ont servi immédiatement aux opérations militaires, puis par la suite aux cartes définitives remises aux différents états-majors. C’est l’un d’entre eux, la grande carte de NewYork qui remportait la palme en fusant à 720 000 €, devenant ainsi une des cartes les plus chères de l’histoire. Elle rejoignait la collection d’un New-Yorkais. Retour aux États-Unis également pour deux autres plans, l’un manuscrit de la baie de Chesapeake, l’autre imprimé de la bataille de Yorktown, qui remportaient, victorieux, 210 000 € chacun. Une vue de Portsmouth en Virginie nécessitait ensuite 111 000 €. Un autre lot d’excellence était constitué de la médaille en argent Libertas Americana frappée par Benjamin Franklin en 1783, et gravée par Augustin Dupré : elle était adjugée 124 000 €. Au même tarif que le grand Portrait de Charles Gravier, comte de Vergennes le ministre des Affaires étrangères de Louis XVI, peint par Antoine-François Callet 1741-1823), qui concluait glorieusement cet épisode américain. Il était, bien sûr préempté par le château de Versailles.

BEAUTÉS D’ASIE

Chine, XVIe siècle. Bouddha en bronze doré, h. 47 cm. Adjugé : 180 000 €


On franchissait ensuite les océans grâce à une belle réunion de statues de Bouddha, de coupes en néphrite, et autres précieuses porcelaines asiatiques. Cet ensemble provenait des de Sercey, une famille de diplomates français sinisants, qui avait rassemblé cette splendide collection lors de leurs missions en Chine à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle. Une importante effigie chinoise de Bouddha en bronze doré, datant du XVIe siècle, se détachait du lot. Il représentait l’Éveillé assis en padmasana,la main droite faisant le geste qui repousse les démons, et la main gauche tenant un bol. Il était surtout richement coiffé d’une couronne à sept pics ornée d’un joyau, d’où s’échappent deux longues mèches noires. Une telle splendeur méritait bien les 180 000 €, alloués par un admirateur de l’empire du Milieu. 


Chine, époque Qianlong (1736-1795). Coupe en forme de cucurbitacée,néphrite céladon clair, l. 13,5 cm.Adjugé : 43 000 €


De l’époque Qianlong (1736-1795) nous parvenait cette étonnante coupe en forme de cucurbitacée. La courge, sculptée dans un bloc de néphrite de la précieuse couleur céladon clair, dite«peau-de-lapin», engrangeait la somme de 43 000 €. Pour le même prix, un collectionneur acquérait, et ce malgré quelques accidents,un grand vase Hu en porcelaine bleuet blanc, dont la panse s’ornait de lotus feuillagé et des huit emblèmes bouddhiques.

DES CLICHÉS TRÈS PRISÉS


Gustave le Gray (1820-1884), Ciel chargé. Mer Méditerranée n° 16, printemps 1857, épreuve d’époquesur papier albuminé d’après deux négatifs verre au collodion,29,9 x 40,9 cm. Adjugé : 70 000 €


L’étude Rouillac OVV nous a habitués à de beaux records de photographie ancienne : le record de 917 000 € obtenus en 2011 par une oeuvre de Gustave Le Gray (1820-1884)résonne encore dans toutes les mémoires. De ce maître de l’objectif, on proposait à nouveau quelques travaux remarquables, sur le thème des marines. Cette douzaine de tirages sur papier albuminé provenait de la collection de Jules-François Hennecart, banquier et député de la Vienne. La grande gagnante de cette vacation était un Ciel chargé. Mer Méditerranéen° 16, printemps 1857 avec 70 000 €.Tiré à partir de deux négatifs verre au collodion,et d’une tonalité sombre et dense vraiment exceptionnelle, elle laissait deviner à l’horizon la ville d’Agde et son promontoire.La deuxième place revenait à Mer Méditerranée,Cette (Sète)- n° 18, une vue saisie en 1857 et achetée pour 55 000 €. Plus au nord, croisait ce Brick-Normandie, dit aussi Brick au clair de lune de 1856, avec lequel Le Gray obtint un succès considérable à l’expositionde la Photographic Society of London, et qui remportait ici 39 000 €.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :