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Gema : un "petit" maître de l'art nouveau

Samedi 26 février 2011

Marie-Line de Cormeray nous a envoyé les photos d’un vase. Elle précise : « Je ne trouve pas d'auteur hormis peut-être une faïencerie. Il a un diamètre de 17 cm, une hauteur de 19 cm et il est de couleur rouille, peu courante pour un vase. Peut-être est-ce une pâte de verre?Ma mère l'a hérité d'un de ses oncles vers les années 70, cette personne avait à cette époque dans les 80 ans. A t-il de la valeur ? » Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à cette demande.

Marie-Line de Cormeray nous a envoyé les photos d’un vase. Elle précise : « Je ne trouve pas d'auteur hormis peut-être une faïencerie. Il a un diamètre de 17 cm, une hauteur de 19 cm et il est de couleur rouille, peu courante pour un vase. Peut-être est-ce une pâte de verre?Ma mère l'a hérité d'un de ses oncles vers les années 70, cette personne avait à cette époque dans les 80 ans. A t-il de la valeur ? » Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à cette demande.

Faïence et verre sont deux techniques des « Arts du feu ». La technique de production du verre est plus complexe que celle de la faïence, et nécessite une température plus élevée. C’est pourquoi il y a moins de verreries que de faïenceries. Rien qu’entre Loir et Cher on recense un grand nombre de potiers ou d‘atelier de céramique mais une seule verrerie, à Vierzon. Le vase qui nous est soumis ne peut donc pas être à la fois en pâte de verre et signé d’une faïencerie ! L’aspect, la couleur rouille, et la forme de ce vase permettent de trancher en faveur du verre. Premier point.

La période de fabrication de ce vase nous intéresse ensuite. Faut-il soustraire les 80 ans de l’oncle en question à la date de l’héritage dans les années 1970 pour dater ce vase ?Oui et non. Oui car c’est un bon repère pour circuler dans le siècle. Non, carde nombreuses copies de vases ont été réalisées par des ateliers des pays d’Europe de l’Est dès les années 1970… Son décor floral, sa forme pansue avec un petit col étroit, le dégradé de couleur rouille situe notre vase dans le mouvement de l’Art Nouveau. À la suite d’artistes lorrains comme Émile Gallé, les artisans s’inspirent de la nature pour décorer leurs créations entre 1890et 1910. C’est le style Art Nouveau. Deuxième point.

Qu’en est-il de la qualité de cet objet ? C’est là que le bat blesse. Le dégradé rouille est généralement obtenu par les verriers art nouveau à partir de la technique de la « pâte de verre ». Plusieurs couches de verre de différentes couleurs sont modelées ensemble. Puis, lorsque le verre s’est refroidi, à l’aide d’une roue ou d’un acide, les couches supérieures foncées sont dégagées pour laisser apparaître dans la transparence les couleurs claires des couches inférieures. Ici,l’agrandissement des photographies ne fait pas apparaitre de dégradés ni de ressaut de matière entre les couleurs. Au contraire, des petites bulles sous le décor montrent que celui-ci a été peint et non pas gravé. Il s’agit donc d’une production de second ordre d’époque art nouveau ou d’une copie postérieure.Troisième point.

Enfin, la signature de« Géma » est mystérieuse. Après avoir épuisé notre documentation et consulté de nombreuses bases de données sur le domaine du verre, cette signature n’apparait que… sur le site internet Ebay, repère bien connu de vendeurs peu scrupuleux… Il est donc probable que ce vase soit une copie, et pas l’ouvrage d’un petit maitre verrier art nouveau. A moins que ce mystérieux « Géma » se soit contenté de peindre le décor sur un vase acheté dans une verrerie, un peu à la manière d’un artiste du dimanche. Quatrième et dernier point. Quoi qu’il en soit, par sa forme et par son décor, mais aussi par ses dimensions et par son état qui semble intact, ce vase peut être estimé une cinquantaine d’euros et fera toujours beaucoup d’effet dans un intérieur. En matière verrière, comme pour le reste il faut se méfier… l’habit ne fait pas le moine !
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