ENTREZ DANS LE MONDE ABRACADABRANTESQUE DE CHOMO
Mercredi 09 décembre 2015
La Nouvelle République, Delphine Coutier
http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Loisirs/Expos-musees/n/Contenus/Articles/2015/12/09/Entrez-dans-le-monde-abracadabrantesque-de-Chomo-2559132
Tous les supports étaient bons pour l'artiste : plaque de bois, murs, toiles... il découvre un nouveau matériau : le béton cellulaire.
Exposition rare et quasi mystique, “ Faites un rêve avec Chomo ” est l’occasion de découvrir l’œuvre de Roger Chomeaux, artiste atypique et inclassable.
Roger Chomeaux, dit Chomo, faisait tout différemment. Tout. Cet artiste, qui, après des études académiques, après les Beaux-Arts de Paris et une unique exposition en 1960, décide de se retirer sur un lopin de terre acheté dans la forêt de Fontainebleau, était un vrai marginal.
Dans sa forêt, il consacre sa vie à une œuvre monumentale, expérimentale et complètement hors cadre. Tel un Facteur Cheval, Chomo façonne tout un village de bâtiments en matériaux de récupération : « Le Sanctuaire des Bois brûlés », « L'Église des pauvres » ou « Le Refuge ». Dans ses œuvres entre art brut et arte povera avant l'heure, l'artiste se met en scène, invite ses amis, invente un monde nouveau.
C'est là, dans son univers, son « Village d'art préludien », que le commissaire-priseur tourangeau Philippe Rouillac entra en 1999 pour la succession à la mort de l'artiste. « Mon père a eu un véritable choc en découvrant ses œuvres », a expliqué vendredi dernier Aymeric Rouillac, son fils, qui a imaginé cette exposition au château de Tours en collaboration avec le critique d'art et président de l'association des Amis de Chomo, Laurent Danchin. Les Rouillac père et fils ont alors entrepris de faire connaître et reconnaître Chomo. « Cette belle exposition au château de Tours est ma pierre à l'édifice », a continué Aymeric Rouillac.
Et quelle exposition ! Forte, intense, très bien pensée, elle met en scène les œuvres de Chomeaux avant Chomo, puis les visiteurs peuvent y suivre chronologiquement les périodes de celui qui pratiquait tous les arts : peinture, sculpture, architecture, musique, poésie et cinéma. Des photos d'amis, de visiteurs, de journalistes sont également exposées.
La dernière pièce de l'exposition abrite la dernière œuvre de Chomo : un film tourné dans les années 80. « Il a voulu raconter l'histoire de sa vie et de son œuvre : il dure 25 heures, continue Aymeric Rouillac. Il ne voulait pas qu'il soit coupé. Chomo voulait bien le montrer, à condition qu'il soit projeté en intégralité et que les spectateurs viennent avec leur sac de couchage. » Pour l'expo, le film a été coupé. Il ne reste que 52 minutes des 25 heures. On y comprend la vision de Chomo. Une vision qui vit encore dans les yeux et les émotions de ses enfants, notamment. Des enfants présents lors du vernissage et qui n'en finissent pas de s'émerveiller des frasques et de l'amour de ce père si singulier.
Jusqu'au 14 février, au château de Tours. Ouvert du mardi au dimanche de 14 h à 18 h. Entrée : 3 € et 1,50 €. Tél. 02.47.61.22.22.