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Si Longwy m'était conté

Samedi 02 janvier 2010

Une lectrice internaute, Michèle Rieme, nous envoie cette semaine des photos qu’elle légende ainsi : « une coupe avec un vase (je ne sais pas si cela s’appelle comme ça), des émaux de Longwy qui semblent être numérotés ». Elle nous demande de lui indiquer « si ces objets ont une certaine valeur ». Le commissaire-priseur Philippe Rouillac lui répond avec précision.

Une lectrice internaute, Michèle Rieme, nous envoie cette semaine des photos qu’elle légende ainsi : « une coupe avec un vase (je ne sais pas si cela s’appelle comme ça), des émaux de Longwy qui semblent être numérotés ». Elle nous demande de lui indiquer « si ces objets ont une certaine valeur ». Le commissaire-priseur Philippe Rouillac lui répond avec précision.

Jusqu’à une période relativement récente, la vaisselle était produite à travers toute la France, à proximité du consommateur. Ces ateliers de céramique étaient aussi souvent des faïenceries d’art, comme à Blois avec Ulysse Ballon dont nous avons déjà parlé. L’histoire de la faïencerie de Longwy est surprenante car elle raconte un succès commercial français il-y-a 130 ans… face aux productions asiatiques déjà bon marché !

Fondée en 1798, au cœur de La Lorraine, la faïencerie de Longwy devient la propriété du Baron Henri-Joseph d’Huart en 1835. En 1855, ses fils Hippolyte et Henri-Ferdinand d’Huart ont l’idée de riposter aux importations massives de céramiques extrême-orientales, en appliquant à la faïence le principe de « cloisonner » les décors. Le dessin apparait désormais lisiblement au moyen d’un trait noir : comme dans les vitraux des cathédrales ou plus récemment sur les vignettes des bandes dessinées. Si la pièce est en céramique, le décor, lui, est composé d’une peinture à l’émail, qui est déposée par la faïencière au pinceau. La production d’émaux reste la partie la plus connue à Longwy. On parle ainsi des émaux de Longwy, bien qu’il s’agisse en réalité de faïence à décor émaillé !

Notre vase et sa coupe obéissent parfaitement aux règles de Longwy. À pans coupés, ce vase hexagonal est décoré de fleurs de pommiers roses, rouges et jaunes, et de feuilles vertes et violettes sur un fond bleu turquoise. Cette couleur bleue est la « marque de fabrique » de Longwy, sa signature. Une autre signature figure au revers de la pièce. Notre lectrice a eu la bonne idée de la photographier. Celle-ci est bien connue : dans un tampon rond, dix Croix de Lorraine se placent de part et d’autre du blason des Huart, à la feuille de houx. Une banderole légèrement enroulée porte la marque « émaux de Longwy ». Cette marque a été utilisée de 1900 à 1955. En consultant les archives de la manufacture, nous pourrions même identifier le décor de cette pièce, qui porte le numéro D-5674 ainsi que sa forme numérotée F-3122. Ce vase est donc bien numéroté, car il s’agit d’une production en série, pas d’une pièce unique. Très représentatif des productions de Longwy, nous ignorons malheureusement sa taille.

Vase et coupe semblent en bon état, et grâce à leur tampon, nous pouvons les dater de la première moitié du XXe siècle. Les Longwy connaissent un certain engouement en vente publique, ce vase et sa coupe peuvent être raisonnablement estimés une centaine d’euros si les dimensions approchent les vingt centimètres. Mais là n’est pas la seule question : l’histoire de ce succès français peut aussi être une leçon pour aujourd’hui. Alors que nous sommes inondés de produits importés de petite qualité, c’est l’innovation qui a porté Longwy et la faïence française aux sommets de leur art !
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