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Sarah Bernhardt travestie

Vendredi 26 janvier 2024

par Alphonse Mucha

Sarah Bernhardt dans Lorenzaccio, 1896

Alphonse Mucha (Prague, 1860-1939)

Lorenzaccio, 1896

Lithographie originale en premier état (sur trois au total).
Signée dans la planche.

Haut. 206 Larg. 75 cm.
(deux feuilles, restauration à la jointure).

Provenance : propriété du Gers depuis l'origine.

Alphonse Mucha, 1896. An original lithograph of the first edition of the Lorenzaccio advertisement poster. Signed.
Bibliographie :
- Marina Henderson, Anna Dvorak, « Alphonse Mucha l’œuvre graphique complète », Paris, Academy Editions, 1980, réf. A10, un exemplaire reproduit p. 53 et 153 ;
- Jack Rennert, Alain Weill, « Alphonse Mucha. Toutes les affiches & panneaux », Paris, Henri Veyrier, 1984, un exemplaire reproduit p. 108 ;
- [Collectif], "Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star", cat.exp., Paris, Petit Palais, 14 avril 2023-27 août 2023, Paris-Musées, 2023, un exemplaire reproduit p. 212.

Sarah Bernhardt travestie

Le début d'une longue collaboration entre Mucha et Sarah Bernhardt

Après le succès de son affiche pour la pièce « Gismonda », Alphonse Mucha signe à la fin de l’année 1894 un contrat de six ans avec Sarah Bernhardt, dont les termes prévoient la livraison de costumes et accessoires ainsi que la création d’affiches nécessaires à la promotion des spectacles. Neuf sont créées, dont celle de Lorenzaccio, dessinée en 1896 pour la pièce interprétée à partir du 3 décembre au théâtre de la Renaissance. Travestie en prince Médicis dans la Florence du XVIe siècle, Sarah Bernhardt y prend une pose serpentine sur fond d’ornements végétaux. En songe et se mordant les doigts, Sarah Bernhardt, alias Lorenzo, anticipe le meurtre de son cousin Alexandre « pour sauver la ville et son propre honneur ». L’image est un résumé fantastique de la pièce en cinq actes. Lorenzo est surmonté d’un dragon, qui n’est autre que le symbole des forces du mal à abattre, dont les mâchoires retiennent les armes des Médicis. Au-dessous, l’épée est annonciatrice du dénouement et de l’extase à venir du héros : « Que la nuit est belle ! Que l’air du ciel est pur ! Respire, respire, cœur navré de joie ! » (Acte IV, scène XI) déclare Lorenzo, après avoir ôté la vie à son cousin.

Si l’adaptation d’Armand d’Artois est un succès, l’affiche lithographiée de Mucha, éditée par Ferdinand Champenois, en est également un. Inventée en Allemagne en 1799 par Aloys Senefelder, la lithographie renouvelle l’art de l’estampe en favorisant une diffusion à moindre coût, par les encrages successifs de la pierre sur laquelle l’artiste a composé son dessin. Au gré de l’évolution du spectacle et de la société, trois états sont à recenser pour cette affiche. Notre exemplaire en est la première version, destinée à promouvoir la pièce dans les rues de Paris. Sa préservation, à l'instar de celle des quatre autres spécimens conservés à la BNF (W6055 à W6058), est donc rarissime au regard de la destination qui lui était envisagée. Le tirage de la deuxième version vise directement le public des collectionneurs. En plein essor de « l’affichomanie », L’Album La Plume mentionne en 1897 la vente d’épreuves dans des couleurs de base : rouge grenat, bleu, vert et marron. Cette variante semble tirée à 100 exemplaires contresignés par Mucha (vente Ader, Paris, 24 mai 2022, n°231), le succès de l’exposition de l’artiste au Salon des Cent participant à renforcer la demande pour ses affiches. Enfin, l’ultime version accompagne les dernières représentations de la pièce. Éditée dans un format inférieur (37 x 102,4 cm), elle voit le mot « épilogue » effacé à la demande de l’actrice, qui préfère écourter le spectacle. La signature est légèrement déplacée, ce qui indique une reprise partielle par l’artiste lui-même.

Brice Langlois
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