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Un dessin inédit

Vendredi 26 janvier 2024

par Auguste Rodin

Auguste Rodin (Français, 1840-1912)

Femme nue debout, de dos, vers 1898-1900

Graphite sur papier vélin.

Haut. 32 Larg. 20 cm.

Provenance : ancienne collection Jacques Loyau.

Auguste Rodin, ca. 1898-1900. A graphite pencil drawing of a standing female nude seen from the back.

Certificat d'inclusion au catalogue raisonné des oeuvres graphiques d'Auguste Rodin, par Christina Buley-Uribe, en date du 5 avril 2024 sous le numéro n°240401.

Un dessin inédit de Rodin

Rodin l'inconventionnel

Ce très beau dessin au graphite fut exécuté vers 1900, au moment où le dessin prit une place prépondérante dans les pratiques artistiques de Rodin. Rebelle aux conventions d’atelier, le sculpteur invitait ses modèles à s’exhiber de manière instinctive plutôt qu’à « poser » devant lui, obtenant ainsi un répertoire d’attitudes spontanées plutôt que contraintes. À cette liberté des poses s’ajouta la méthode révolutionnaire de Rodin, qui ne quittait pas des yeux ses modèles pendant que sa main dessinait indépendamment sur sa feuille : « La main va au petit bonheur ; souvent le crayon tombe à vide ; le dessin se trouve décapité ou amputé d’un membre [...]. Le maître ne l’a pas regardé une seule fois. » (Clément-Janin) Ici, la tête a été redessinée en haut à gauche.

Je ne raisonne pas, je me laisse faire

« Depuis que je m’y suis mis (disait Rodin) j’ai l’impression de savoir dessiner… Et je sais pourquoi mes dessins ont cette intensité : c’est que je n’interviens pas. Entre la nature et le papier j’ai supprimé le talent. Je ne raisonne pas, je me laisse faire ». Rodin réalisait un premier croquis « à l’aveugle », qu’il décalquait ensuite, afin de préserver les qualités initiales de son croquis, puis ajoutait l’aquarelle. Deux étapes étaient donc nécessaires à l’élaboration de ses dessins : le croquis à l’aveugle d’après modèle vivant, puis le dessin de synthèse. Ici, notre dessin de Femme debout, de dos (fig. 1) est une première esquisse au graphite, dont sont issues deux aquarelles conservées au musée Rodin, le D. 04669 (fig). 2 et D. 04536 (fig. 3). Dans les versions aquarellées, les dessins sont le résultat d’une recherche d’une ligne unique, simplifiée, synthétisée.

Notre dessin au graphite est exécuté sur un papier typique pour ce genre d’esquisse et a conservé toute sa fraîcheur. Même s’il « anticipe » les versions aquarellées décrites ci-dessus, il ne peut être considéré comme une simple esquisse préparatoire mais comme une véritable œuvre non raisonnée que Rodin considérait comme digne d’être exposée. Inventée autour de 1896, cette manière où l’automatisme du geste et l’aléatoire prennent une place prépondérante dans le processus créatif, a marqué toute une génération de peintres comme Schiele, Matisse, Picasso, Giacometti...

Christina Buley-Uribe
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