Enchères exceptionnelles : à quel prix seront vendues les deux photos oubliées du port de Sète prises en 1857 ?

Le Midi Libre, Victor Guilloteau

Les deux clichés, signés du photographe Gustave Le Gray, seront mis en vente le 27 mai en Touraine par la Maison Rouillac.

Qui s’offrira le port de Sète immortalisé par Gustave Le Gray en 1857 ? Réponse lundi 27 mai, dans le cadre très cossu du château d’Artigny, à l’occasion d’une vente aux enchères organisée par la Maison Rouillac. Les clichés, signés du célèbre photographe, seront mis en vente au milieu d’autres objets de “valeurs”, parmi lesquels le célèbre scooter de François Hollande, des Picasso, des Renoir et autres pièces d’Histoire…

Auteur de La Grande Vague

Les deux clichés qui nous intéressent (lots 298 et 299), datés donc de la moitié du XIXe siècle, représentent des navires à l’intérieur du port de plaisance de "Cette". Les photos sont prises sous deux angles différents, l’une depuis la jetée, l’autre depuis le fort Saint-Louis, vraisemblablement pas le même jour. On distingue en arrière-plan, selon l’image, le fort Saint-Pierre, la rampe des Arabes, le cimetière marin, ou encore le fort Richelieu.

Les photos, prises au printemps 1857, sont décrites comme des "épreuves d’époque sur papier albuminé, d’après un négatif verre au collodion. Numéro manuscrit à l’encre noire, du tirage de l’atelier Le Gray." Sur le cliché 298 figure au premier plan Le Saïd, élégant trois-mâts construit à Sète pour le vice-roi d’Égypte, Mohammed Saïd Pacha. Une photo estimée entre 3 000 et 4 000 €, quand le lot 299 avoisine “seulement” les 2 500 – 3 000 €.

Mission ministérielle et poudre d’or

Mais les prix pourraient grimper, du fait de la réputation de son auteur. Gustave Le Gray, pionnier de la photographie, est le célèbre père de La Grande Vague, une photo prise justement en… avril 1857, dans le port de Sète. Tout comme les deux lots présentés le 27 mai ! Le cliché avait atteint le prix record de plus de 800 000 € lors de sa vente, en 1999. On sera néanmoins assez loin de ces prix cette fois-ci.

"Des trésors dans les vieilles malles"

Les deux photos de Sète de Gustave Le Gray pourront être observées à partir 24 mai au château d’Artigny (Indre-et-Loire), à l’occasion d’une exposition publique précédant la vente du 27.

Les deux lots n°298 et 299 étaient propriétés d’un collectionneur du Val-de-Loire aujourd’hui décédé. Les petits-enfants ont sollicité la Maison Rouillac pour la mise aux enchères. "Chaque année, je reçois 5 000 demandes de clients pour des renseignements, indique Aymeric Rouillac. Depuis mes débuts, cela fait 70 000 clients. Parmi eux, j’ai eu sept enchères millionnaires. Ce qui fait une chance sur 10 000. C’est mieux que de jouer au loto !"

Le commissaire-priseur conseille aux particuliers qui s’interrogeraient sur des objets en leur possession, de demander conseil à un professionnel. "Il faut être curieux. Cela peut arriver qu’il y ait des trésors dans de vieilles malles…"

"Une intensité dramatique exceptionnelle"

"Gustave Le Gray a porté la photographie à un niveau de maîtrise technique extraordinaire, fait remarquer Aymeric Rouillac, commissaire-priseur chargé de l’enchère. Il est alors en mission héliographique pour le ministère de l’Intérieur. Il fait le tour de la France pour y recenser les merveilles, notamment marines. Il s’arrête donc à Sète, où il exploite des techniques particulières pour photographier les bords de mer. Il superpose les négatifs les uns par-dessus les autres, donnant aux images une intensité dramatique exceptionnelle, avec une gestion incomparable des fonds et des lumières. Le Gray, tel un artiste, avait même cette particularité de rajouter de la poudre d’or au moment de travailler ses photos."

Ces petits détails, ajoutés à l’état de conservation de l’image, font s’envoler les prix de ces témoignages d’une Sète toujours admirable, quelle que soit l’époque…