FR
EN

Des cyclamens ne font pas le printemps !

Samedi 27 avril 2024 à 08h

Cette semaine, Michèle, du Loir et Cher, nous propose d’expertiser un vase à la robe jaune et au manteau de fleurs. L’occasion pour notre commissaire-priseur, Philippe Rouillac, de se mettre au vert pour nous parler botanique.



Devant nous, un vase en verre de forme tube à col évasé et base renflée. Grâce aux informations détaillées de sa propriétaire, nous savons qu’il mesure 15 centimètres de haut et 6 centimètres de diamètre. Le verre jaune, teinté dans la masse, voit s’épanouir un décor de cyclamens roses, en fleurs et en boutons, dont les tiges et les feuilles contrastent avec la vivacité de l’ensemble. Le vase est signé « Jeanette » et s’inscrit par sa forme et son décor dans le courant de l’Art Nouveau.

L’Art Nouveau apparaît en France au tournant du XXème siècle, porté par des créateurs désireux de faire scission avec les grands styles du passé. S’inspirant de la faune et de la flore et s’appuyant sur les matériaux de la modernité comme l’acier et le fer, ils créent des formes fantaisistes aux lignes sinueuses. Notre vase, de par ses couleurs vives et son décor floral, peut être rapproché de la production des grands maîtres verriers de ce mouvement tels qu’Emile Gallé, Daum ou encore Théodore Legras.

En effet, avec l’Art nouveau, les arts du feu et notamment le verre reviennent sur le devant de la scène. Poussé par les progrès industriels de la fin du XIXème siècle, dont les expositions universelles se font les vitrines, ainsi que l’émergence d’une bourgeoisie désireuse de collectionner des objets luxueux, le verre devient un terrain de possibilités infinies. Parmi les grands maîtres verriers précités, c’est Emile Gallé qui établit les techniques de travail du verre les plus abouties, avec le travail du verre multicouche dégagé à l’acide ou la mosaïque de verre. Ses manufactures mènent de front deux types de production : des séries de « grand genre », tirées à quelques exemplaires, et d’autres séries industrielles produites en quantités plus importantes parmi lesquelles des vases, des coupes ou des luminaires. Ces deux types d’objets circulent sur le marché de l’art et connaissent de forts écarts de valeur.

A’ partir des années 1920, ces verreries colorées et fantaisistes sont remplacées par des pièces aux décors stylisés, aux lignes plus sobres, et des verriers tels que René Lalique ou Marius Sabino cherchent à renouer avec la translucidité du verre. Votre vase, Michèle, très décoratif à sans doute été réalisé dans le courant du XXème siècle par une verrière amatrice, désireuse de reproduire un décor dans le goût de Théodore Legras. Il pourrait être estimé, sous réserve d’un examen visuel, à la somme de 20 euros.

Ce goût pour la botanique propre à la fin du XIXème siècle ne manque pas de nous rappeler que le goût pour la représentation du plein air est à l’honneur à l’occasion des 150 ans de l’impressionnisme. Le Centre-Val de Loire accueille ainsi trois œuvres majeures des collections d’Orsay, exposées aux Musées des Beaux-Arts de Chartres et d’Orléans.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :